Article n° 208, publié le 1er-Juillet-2023, par Christophe.
Catégorie(s) : environnement.
Et voilà, c'est reparti pour un tour ! Un fondateur de think-tank (des organismes où la masturbation intellectuelle est de rigueur) que ces fans reconnaîtront, a lancé un gros pavé dans la marre pour : 1- faire parler de lui (avant tout, car plus on parle de son think-tank, plus il a de chances de récupérer des subventions, gouvernementales ou non) et 2- pour taper sur l'avion car ça fait toujours plaisir à la majorité des «jaloux» qui pensent qu'en supprimant les vols en avion, ça résoudra le problèmes du réchauffement climatique sans qu'ils aient à faire le moindre effort. Ce fondateur de think-tank, que je nommerai Jean Serrient pour la suite de cet article (car je ne tiens pas à lui faire de la publicité), a balancé à la radio il y a quelques mois qu'il faudrait limiter à 4 le nombre vols en avion, en tout et pour tout, dans toute sa vie, dont 2 dans sa jeunesse, en précisant que «j’ai dit 4, ça peut être 2, ça peut être 5, je n’ai pas fait les calculs» (sachant qu'il est inutile qu'il fasse ces calculs car ils doivent être impossible à faire vu la complexité du problème à résoudre, à moins qu'il ne parle des calculs quant au montant des subventions de son think-tank qui pourrait être plus important si la limitation est à 2 au lieu de 4). Le pire est que ça marche : des «jaloux» ont aussitôt adopté cette idée car Jean Serrient a déclaré que c'était une mesure d'égalité sociale pour que les pauvres ne soient pas lésés par rapport aux riches ! Mais bien sûr, la marmotte enrobe toujours ses idées à la noix d'une bonne dose d'égalité sociale pour les faire passer... Mais pourquoi est-ce une idée à la noix ?
1- A quoi servirait exactement cette mesure ?
D'après Jean Serrient, c'est une mesure pour réduire (enfin, rationner) la consommation de pétrole qui va devenir rare dans les années qui viennent : il faut donc que les pauvres puissent avoir autant accès au pétrole que les riches. Depuis 1970, on nous dit que le pétrole va devenir rare : 2,23 milliards de tonnes de pétrole étaient consommées en 1970, contre 4,24 milliards de tonnes en 2021 soit presque le double (et c'était encore bien plus avant la pandémie de Covid-19). En fait depuis 1970, on a découvert de nouvelles réserves, plus profondes sous les océans ou plus difficiles à exploiter comme les sables bitumineux. Plus le prix du pétrole augmente, plus il est rentable d'exploiter ces gisements. D'ailleurs, l'estimation des réserves de pétrole est définie ainsi : c'est la quantité économiquement exploitable à un moment donné ! Ces dernières années, d'énormes gisements de pétrole ont été découverts en Côte d'Ivoire, au Suriname (et de manière générale dans tout le Golfe du Mexique) et en Alaska. D'ailleurs, les producteurs de pétrole attendent avec impatience la fonte de la banquise arctique pour pouvoir exploiter des gisements jusqu'alors inexploitable. Cela veut dire que la classe moyenne américaine standard pourra toujours faire le plein de carburant de son gros pick-up V8 qui bouffe 20 litres aux 100 km, même si le pétrole est toujours de plus en plus cher. Bref, la banquise n'a pas fini de fondre !
2- Que va faire un riche auquel on interdira de prendre l'avion ?
Soit on a affaire à des «très riches» qui n'auront jamais à subir cette interdiction car ils se seront domiciliés sans peine dans des pays qui n'instaureront jamais cette limitation (d'ailleurs, il y a fort à parier que les paradis fiscaux actuels deviendront des paradis aéronautiques si une telle mesure était mise en place). Pour eux, le pétrole continuera à couler à flot pour raffiner le kérosène de leurs jets privés. Inutile donc de fantasmer sur une interdiction pour cette première catégorie de riches ! Soit on a affaire à des gens qui peuvent en effet économiser assez d'argent pour prendre l'avion pour partir en voyage. Mais ces personnes, ne disposant pas d'une fortune immense, font des choix : par exemple, ils ne changent pas le téléviseur à chaque mondial de foot, ils ne possèdent pas de van aménagé pour partir en week-end (car ils pédalent sur leurs vélos le week-end et pas des vélos tout carbone aux milliers d'euros l'unité ), ils n'ont pas de bateau pour aller à la pêche, ils n'ont pas de quad, ni de jet-ski ou je ne sais quel autre «jouet» que s'offre ce que l'on pourrait appeler la «classe moyenne +», ou classe aisée, (celle qui paye beaucoup d'impôts pour faire marcher les institutions car les «très riches» sont domiciliés dans des paradis fiscaux pour payer le moins d'impôts possible ; à titre informatif, ma femme et moi en faisons partie, uniquement parce que nous n'avons pas d'enfant). Que feront alors ces «riches» s'ils ne peuvent plus prendre l'avion ? Bin, ils achèteront un van aménagé pour parcourir l'Europe (un véhicule qui consomme 6 litres aux 100 km, en diesel, soit pour 2 passagers dans le van, la même consommation de carburant qu'un vol en avion de ligne par passager), voire même un gros camping-car (consommation entre 10 et 15 litres aux 100 km, c'est-à-dire, par passager, plus que le triple d'un A320 néo si seulement 2 personnes voyagent dans ce camping-car), ils changeront leur télé pour une plus grande encore, ils referont la décoration de leur logement, ils se feront construire une piscine, etc... Ou ils placeront en bourse l'argent qu'ils dépensaient pour voler et cet argent servira par exemple, à financer des projets de construction de bureaux, d'usines, etc... Au final, ils consommeront quasiment autant de pétrole et émettront autant de CO2 que s'ils avaient pris l'avion ! Il faut considérer que, dans une société de consommation comme la nôtre, basée sur l'utilisation de l'énergie à profusion (pétrole, charbon, gaz), pour un euro dépensé quasiment la même quantité de CO2 est émise, que ce soit un euro pour se payer un bon repas, que pour x kilomètres parcourus en avion ou en van ! A moins que... Mais si, c'est bien sûr : le téléviseur est fabriqué en Chine avec du charbon comme source d'énergie primaire (mais toujours du pétrole pour le plastique), c'est donc mieux pour préserver le pétrole que le vol en avion ! Sauf pour les émissions de CO2...
3- Ne pourrait-on pas rationner l'énergie en général ?
Chacun a son quota de pétrole qu'il consomme comme il l'entend, que ce soit sous forme de kérosène pour un vol en avion, de téléviseur ou de ciment pour se faire construire une piscine... Ca serait super-égalitaire, n'est-ce pas ? Tout le monde pareil, la même quantité de pétrole pour le riche ou le pauvre. Mais ça serait une idée à la noix, encore une fois ! Franchement les «jaloux», vous croyez vraiment que quelqu'un de la «classe moyenne +» va continuer à bosser comme un con pour gagner de l'argent, sans pouvoir en profiter (n'oublions pas mon prédicat de base : pour tout euro dépensé, la même quantité de CO2 est émise, quelque soit la manière dont cet euro est dépensé, même en le donnant à des associations de bienfaisance ou une ONG pour replanter des arbres avec des tracteurs, gourmands en diesel ; bien que pour ce dernier exemple du CO2 sera ensuite capté par les arbres plantés) ? Ce qu'il se passerait alors est assez simple à imaginer : ces personnes de la «classe moyenne +» travailleraient moins, paieraient donc moins d'impôts, ce qui ferait moins de financement pour l'éducation, la médecine, la police, les infrastructures publiques en général, les aides sociales ou encore les associations environnementales... Qui paieraient les pots cassés au final ? On peut aussi imaginer un système où tout le monde gagne pareil, pour une heure travaillée, l'ingénieur gagne autant que l'ouvrier. On pourrait... Ca a déjà été tenté, la nomenklatura a bien profité de ce système. C'était très égalitaire, jusqu'à un certain niveau (pour les incultes, relisez «La Ferme des Animaux» de George Orwell) ! On pourrait aussi dire que les riches doivent payer plus cher leur pétrole que les pauvres... Je n'ai pas envie de faire la démonstration que ça serait aussi une idée à la noix.
Bref, je ne vois aucune solution simple au problème de consommation de pétrole (ou de manière générale, de consommation d'énergie fossile et d'émission de CO2) et ça, c'est pourtant normalement simple à comprendre ! Du pétrole, il y en a et il sera surement de plus en plus cher. Puis, le réchauffement climatique ne va pas s'arrêter miraculeusement parce que l'on interdira les vols en avion dans tout ou certaines parties du monde (pour rappel, le transport de passagers en avion n'est responsable que 2 à 3 % des émissions de gaz à effet de serre, même si ces passagers ne représentent que 1 % des habitants de la planète). Il n'existe pas de solution simple qui résoudrait d'un coup de baguette magique ce genre de problèmes complexes. Cependant, le principal problème est que certains politiques mettent en avant ce genre de mesures pour que les «jaloux» votent pour eux. Mais le monde est inégalitaire et quoi qu'on fasse, on pourra lisser un peu quelques inégalités, jamais les faire disparaître. Pourquoi ? Voilà un indice : la nature humaine est ce qu'elle est, jalousie, orgueil et peur irraisonnée !
PS-1 : Et puis, d'abord, que veut dire 4, 5, 6 ou même 12 vols ? Des vols Paris - Toulouse, des vols intra-européens ou des vols Paris - Sydney ? Un aller-retour compte-t-il pour un ou deux vols ? Faut-il compter les escales ? Si oui, cette mesure d'interdiction des vols serait inégalitaire car les Parisiens seraient alors privilégiés par rapport aux Toulousains qui ont forcément une escale pour rejoindre Sydney. Bien évidemment, n'oublions pas que Jean Serrient n'a pas fait ses calculs puisqu'il ne peut pas les faire et que c'est juste une idée à la noix, non-réfléchie, pour faire parler de lui... Mais une idée qui plait aux «jaloux» !
PS-2 : Une petite question, comme ça au passage, sur qui faut-il rejeter la faute pour les millions de tonnes de CO2 rejetés lors d'un événement comme la coupe du monde de football au Qatar ou par les vols en jets privés des super-stars du football ? Je serai assez tenté de répondre que c'est la faute aux fans de football car s'il n'y avait pas assez de spectateurs ou de téléspectateurs, les matchs de foot professionnel ne seraient pas assez rentables pour les sponsors et les annonceurs publicitaires. Les droits de retransmission ne seraient alors plus aussi exorbitants, les joueurs ne seraient plus payés des millions et ça ne serait plus rentable de climatiser des stades de foot dans le désert (etc...). Sans fans de football, Lionel Messi n'aurait jamais pu émettre 1.502 tonnes de CO2 entre juin et août 2022 avec son jet privé et une organisation non-gouvernementale n'aurait jamais pu faire une buzz avec le slogan «Les ultra-riches détruisent la planète !». Je ne veux pas donner raison à Messi (je ne suis pas fan de foot, et donc pas fan de ce joueur), je veux juste souligner qu'il est facile de manipuler les «jaloux», sans apporter la moindre réponse pragmatique comme par exemple, limiter à 100 le nombre de matchs professionnels vus par un fan de football dans toute sa vie dont 50 avant avant ses 18 ans... Bien évidemment, je n'ai pas fait mes calculs mais ça pourrait être 200 ou 300... Comment ça, cette mesure footbalistique est stupide ? Non...
PS-3 : Il faut aussi savoir que lors des mois précédents une coupe du monde de football, les ventes de téléviseurs explosent ! Et bien évidemment, la coupe du monde de football au Qatar n'a pas été l'exception qui confirme la règle. Par exemple, pour le principal fabriquant coréen, les ventes en France ont augmenté d'environ 30 % en 2022, soit 250 à 300.000 exemplaires en plus par rapport à 2021. De plus, le choix des acheteurs s'est massivement porté sur des écrans de 55 pouces pour lesquels sont émis plus de 800 kg de CO2 lors de leur fabrication. Certes, en moyenne, le taux de renouvellement d'un téléviseur est de 7 à 8 ans et un téléviseur peut servir à plusieurs membres d'une même famille (mais il y a tout de même 2,12 téléviseurs par famille), cependant changer un tel appareil revient à faire un vol simple Paris - «San Francisco» en terme d'émission de CO2. Alors, faudrait-il limiter l'achat de téléviseur à 2 ou 3 exemplaires pour toute une vie ? Sachant que les minéraux nécessaires à la fabrication d’un téléviseur risquent d’être encore plus rares que le pétrole dans les années à venir, pense-t-on à rationner les téléviseurs, les ordinateurs ou les smartphones ? Non...
PS-4 : «L’achat neuf, éternel fléau de l’électronique !», ce n’est pas moi qui le dit, c’est un média spécialisé dans la protection de l’environnement qui propose d’acheter des appareils d’occasion pour résoudre les problèmes environnementaux du numérique... Donc, achetons tous d’occasion... Sauf qu’au bout d’un moment, il n’y aura plus d’appareils d’occasion disponibles ! A titre informatif, le taux de renouvellement moyen d’un smartphone est de 20 mois (taux plus important parmi les jeunes). Au lieu de changer tous les 20 mois (même par un appareil d’occasion), ne serait-il pas plus opportun de ne le changer que tous les 4 à 5 ans (ce qui est possible avec un appareil neuf de bonne facture) ? C’est juste une réflexion pour souligner que certaines idées pour la protection de l’environnement sont simplistes et à long terme inapplicables !
PS-5 : «Obsolescence programmée» rétorqueront alors ceux qui changent de smartphone régulièrement, argument qu’ils brandissent comme un crucifix devant un vampire ! Bin oui, ce n’est pas de leur faute s’ils doivent changer leur smartphone... Sauf que là encore, c’est une idée bien pratique pour souvent justifier un choix pas si anodin : le prix d’achat de l’appareil ! Généralement, entre le prix matière (le prix des composants et des matériaux pour fabriquer un appareil) et le prix vendu au client final, un rapport supérieur à 10 est observé ! Cela veut dire que quand on achète un bidule électronique à 100 euros, il a de fortes chances qu'il n'y en a que pour 10 euros, même pas, de composants. Pour atteindre cet objectif de prix matière, le fabriquant n’hésitera donc pas à supprimer la moindre résistance à 10 centimes d’euro, même si cette résistance sert, par exemple, à lisser des pointes de courant et donc à rendre l’appareil plus robuste, car quand le bidule électronique est fabriqué à des milliers d’exemplaires par jour, la suppression de cette résistance à 10 centimes d’euros représente un gros bénéfice pour le fabricant. Il faut juste que le bidule marche au moins au delà de sa période de garantie, pas forcément qu’il tombe en panne au bout de deux ans, ce que le grand public prend cependant pour de l’obsolescence programmée. Quand on achète le même bidule d’une autre marque à 200 euros, on peut espérer avoir pour 20 euros de composants, de meilleure facture (mais attention, il y a aussi la marque à payer, par exemple, un truc à pomme coûtera plus cher qu'un truc sans pomme). Pour la préservation de l'environnement, il ne reste plus qu'à comprendre qu'acheter un objet (et pas qu'un bidule électronique) qui coûte certes deux fois plus cher qu'un autre, mais qui dure trois fois plus de temps, reviens au final moins cher ! Le principal problème étant tout de même de prédire quel objet va durer...