Article n° 201, publié le 3-Décembre-2022, par Christophe.
Catégorie(s) : environnement, conseils aux voyageurs.
Dictateur : personne qui, à la tête d'un état, détient les pouvoirs de manière absolue, les exerçant sans contrôle et de façon autoritaire ! Typiquement, Vladimir Poutine, responsable et coupable du déclenchement de l'invasion de l'Ukraine le 24 février dernier, correspond largement à cette définition. Depuis le début de cette guerre et les sanctions imposées en retour, il est quasiment impossible de pouvoir voyager en Russie, par exemple, pour visiter le musée de l'Ermitage à Saint Petersburg, ce qui est fort regrettable... Certain diront que ma dernière phrase est justement encore plus regrettable car je bafoue l'éthique... Sauf qu'il me plait d'imaginer que le peuple russe ne soutient probablement pas massivement Poutine qui se maintient de manière quasi-illégitime à la tête de la fédération de Russie depuis l'an 2000, en réprimant brutalement toute tentative d'opposition. D'une certaine manière, priver les Russes du tourisme étranger, c'est les priver de contacts avec l'extérieur du pays et donc d'une vision différente de celle prônée par le maître du Kremlin qui n'en a rien à foutre des peuples, qu'ils soient ukrainiens ou russes. Des personnes me rétorqueront alors que couper le tourisme étranger en Russie permet aussi de couper le financement des guerres de Poutine, mais est-ce si certain ? Le tourisme peut-il financer le maintien au pouvoir, les exactions et les guerres de ce dictateur, ou de tout autres dictateurs ? Ou, plus généralement, faut-il boycotter touristiquement les pays dirigés par des dictateurs ?
Dixit Wikipedia, en 2013 (juste avant l'annexion de la Crimée), 27 millions de touristes étrangers ont visité la Russie, ce qui rapporta 11,2 milliards de dollars au pays. Mais ces 11,2 milliards de dollars ne sont pas rentrés directement dans les poches de l'état russe. Certes, l'argent des visas, si on fait abstraction de la rémunération des policiers aux frontières pour contrôler ces visas, c'est environ, par an, 30 millions de touristes étrangers x 30 euros de visa = 900 millions d'euros de revenus directs pour l'état russe. Si on compte en plus les taxes (TVA) et impôts, on peut estimer au pifomètre à cadran mobile que Poutine a pu ainsi récolter entre 2 et 3 milliards d'euros par an du tourisme étranger, soit en 8 ans (entre 2014, année de l'annexion de la Crimée, et 2022), une somme approximative de 30 milliards d'euros avec lesquels il aurait pu acheter entre 1.000 et 2.000 avions de combat Soukhoï Su-27 (un vieux modèle toujours en service dans l'armée russe) ou seulement entre 500 et 1.000 Soukhoï Su-57 (le tout dernier modèle furtif russe qui serait juste produit à 12 exemplaires). Sachant que seulement 200 avions de combat russes auraient été engagé au début de la guerre en Ukraine, Poutine aurait donc pu aussi largement acheter avec l'argent qu'a rapporté le tourisme à l'état russe, les 1.200 chars (un million d'euros pour un T-72) qui ont aussi été engagés en Ukraine, les hélicoptères de combat, les lances-roquettes, etc... Donc, oui, théoriquement, le tourisme étranger en Russie a pu financer l'achat du matériel volant ou roulant engagés dans la guerre en Ukraine !
Mais il y a toujours un mais : ces avions, ces chars, ces lances-missiles ou ces hélicoptères de combat ont besoin de missiles, de roquettes, de bombes, d'obus et surtout de carburant, tout comme les navires de guerre déployés en Mer Noire pour attaquer les villes côtières ukrainiennes. Par exemple, un MIG-29 peut brûler facilement 300 kg de carburant (détaxé, ouf) par minute de vol. Les chars russes T-90 sont équipés d'un moteur diesel V12 de 840 ch (son constructeur n'a visiblement pas souffert du «diesel gate») et ces chevaux boivent énormément (de nombreux chars russes sont tombés en panne de carburant au début de la guerre, parce que l'intendance ne suivait pas le rythme de la consommation de ces engins). Un missile antichar bas de gamme, c'est plus de 2.000 euros (prix unitaire) ! D'après une étude, les 5 premiers jours de la guerre en Ukraine aurait coûté plus de 6 milliards d'euros à la Russie et ensuite, la facture aurait été portée à plus de 18 milliards d'euros par jour de conflit ! A ce tarif-là, on peut donc largement oublier le coût de développement du programme Soukhoï Su-57 qui doit pourtant être faramineux, dépassant largement les 30 milliards d'euros de revenus du tourisme étranger pour l'état russe lors de ces 8 dernières années !
Certes, lors de notre voyage en Russie en 2019, nous avons pu parfaitement aider Poutine à acheter un (seul) obus qui a pu tuer des civils ukrainiens et cela serait fort regrettable ! Mais nous avons aussi pu indirectement financer des opposants à Poutine ou à l'inverse, à l'insu de notre plein gré, financer des supporters de Poutine. Bref, nous ne savons pas à quoi a bien pu servir l'argent que nous avons dépensé en Russie en 2019 mais, de toute façon, nous avons certainement encore bien plus financé Poutine en faisant le plein de notre voiture ou en achetant une bouteille de gaz pour chez nous, et là, cet argent est tombé quasiment directement dans les mains d'oligarques russes proches de Poutine (à titre informatif, les ventes de gaz naturel à l’export ont rapporté 73 milliards de dollars à la Russie en 2013, bien loin des 11,2 milliards de dollars du tourisme). Cependant, n'oublions surtout pas qu'en 2013, l'industrie du tourisme (intérieur et extérieur) a employé directement presque 1 million de personnes en Russie. Boycotter le tourisme en Russie, c'est d'abord priver de revenus une grande partie de ces personnes qui pourraient alors encore plus adhérer aux délires de Poutine : «l'Occident nous en veut, il faut le combattre !». Cela pourrait faire grandir le sentiment nationaliste en Russie, ce qui renforcerait Poutine qui pourrait encore plus endoctriner le peuple russe comme Hitler avait endoctriné les Allemands... Pour moi, il est évident que le tourisme permet d'empêcher les guerres en rapprochant, du moins économiquement, les peuples, même si le tourisme peut financer ces guerres. Donc, voyageons ! En Russie quand on le pourra, ou en Chine quand ils auront fini de mentir sur le Covid-19 (un pays de plus d'un milliards d'habitants qui n'aurait eu que très peu de cas en comparaison à d'autres pays, même par rapport à l'Australie ou de la Nouvelle-Zélande qui ont essayé d'appliquer une stratégie «zéro Covid» ; encore un coup de la marmotte qui met le chocolat dans le papier aluminium).
PS-1 : Au fait, en parlant de pays en guerre, les USA (plus de 60 millions de touristes étrangers en 2003 et plus de 160 millions de touristes étrangers en 2019 avec des revenus du tourisme bien plus conséquents que ceux de la Russie ; est-ce pour ça que l'armée de l'air américaine peut s'offrir des chasseurs F-35 à 145 millions d'euros l'unité ?) ont aussi été en guerre en Irak, en mars 2003, au prétexte de chercher des armes de destruction massive (certainement détenues par des marmottes).
PS-2 : Au passage, on peut en profiter pour égratigner certains de nos compatriotes français, ceux qui réclament une armée française forte, avec par exemple un second porte-avion équipé de plein de Rafales, mais qui râlent que les impôts sont trop importants : quand j'atteindrai enfin la retraite, j'aurai à peine financé, par le montant total de mes impôts (TVA incluse) d’une somme pourtant conséquente, 2 % du prix d'un Rafale. Oui, une vie entière de travail pour 2 % d'un Rafale !
PS-3 : J'entends Kevin, le petit écolo des villes de service, râler dès qu'il a lu le mot «voyageons», sous-entendu en avion de ligne... Alors, Kevin, que préférez-vous ? L'émission de quelques tonnes de CO2 pour rapprocher les peuples en avion de ligne, ou des guerres avec des avions de chasse qui émettent une cinquantaine de tonnes de CO2 par heure de vol, avant un refroidissement global de la planète dû à un petit hiver nucléaire (mais quand même au prix d'une extinction massive de la vie sur Terre) ? Kevin va bien évidemment me rétorquer «No petrol, no war !», slogan signifiant que sans dépendance au pétrole (ou autres énergies fossiles), il n'y aurait pas de guerre... Sauf que si ce n'est pas pour du pétrole, ça sera pour de l'uranium, du nickel, du cobalt, ou tout autres composants des batteries pour véhicule électrique. D'accord, on pourrait aussi ne plus se déplacer, rester chez soi à cultiver son potager bio collectif en permaculture... Mais alors, l'étranger qui cherchent des noises, ça ne sera plus les habitants du pays ou du continent d'à côté, mais ceux du village ou de la région d'à-côté qui trouveront que vous avez illégalement détourné un cours d'eau ou occupé un champ fertile, etc... Le pétrole n'a fait qu'agrandir le «cercle des querelles» de plusieurs centaines ou milliers de kilomètres car on s'entend mieux avec ceux qu'on peut rencontrer facilement à l'intérieur du cercle. Les querelles se sont juste reportées contre ceux qui sont bien plus loin qu'à quelques heures de voiture, ou d'avion, de chez soi !