Poisson démon

Jeudi 30 mars : "Muck dives" !

Aujourd’hui, le train-train habituel est cassé : lever à 6 heures moins 10 ! Le temps de charger les bagages sur le bateau (l’équipage du Sagana s’en est chargé, via les petites bangkas) et de prendre le petit-déjeuner, nous embarquons ensuite pour un peu plus de 5 heures de navigation, sous une pluie diluvienne et dans une mer bien formée (les vagues "explosent" parfois dans les balanciers, en de grandes éclaboussures atteignant les bancs situés de chaque côté du carré). Le taud de soleil, tendu au dessus du carré doit certainement bien abriter du soleil, mais avec les trombes d’eau d’aujourd’hui, l’eau arrive à ruisseler à l’intérieur du carré et trouver une place au sec (pour somnoler) devient difficile.

Heureusement, le sud de l’île de Negros bénéficie d’une grande éclaircie et c’est par là que le Sagana met le cap. Quand nous arrivons à Dauin, il fait donc beau ! Incroyable, à l’exception du premier jour, nous n’avons pas eu un aussi joli soleil depuis le début du séjour (ce matin encore, c‘était le déluge). Un peu avant 13 heures, nous nous préparons donc pour la première plongée de la journée, sur un fond de sable noir, autour d’une épave de voiture. Nous allons plonger avec Christine, Daniel, Jean-Sébastien et Vincent en guide de palanquée, juste derrière la palanquée des photographes... Cela s’avère être une mauvaise idée car, malgré le fait d’avoir attendu quelques minutes avant de nous mettre à l’eau, les photographes n’ont pas bougé d’un millimètre après leur immersion !

Ils mitraillent sans relâche une pauvre créature sous-marine qui doit se croire dans un défilé de mode parisien (Vincent imagine même une nouvelle règle : pas plus de 10 coups de flash par photographe et par sujet). Quand toute notre palanquée est arrivée à descendre, Vincent se met à la recherche, et trouve, tout un tas de trucs minuscules (Christophe peut ranger la Go Pro et prendre la loupe ; même Anne-Marie est à la ramasse car l’appareil photo et le caisson sous-marin ne sont pas équipé pour la photo macro de si petites créature). En plus, tous ces animaux ont des noms pas possibles, que nous n’avions jamais entendus avant cette plongée.

Pour nous qui aimons voir des choses qui sortent de l’ordinaire, nous sommes comblés, ou presque parce que, parfois, le souci est de voir et de comprendre que le truc de la taille d’un grain de riz que nous montre Vincent est un organisme vivant, pas un quelconque morceau d’algue à la dérive. D’autant plus que, mimétisme oblige, les créatures que nous observons ressemblent souvent à des morceaux d’algue ou de feuille, comme par exemple ces poissons fantômes de 5 ou 6 cm de long. Mais des morceaux d’algue ne nageraient pas à contre-courant, en restant bien parallèles l’un à l’autre ? Oui, ce sont bien des poissons avec des yeux... Parfois, ce n’est vraiment pas évident, comme pour ce minuscule poisson feuille que nous montre maintenant Vincent, mais c’est bien un poisson ! Après nous avoir montré de minuscules crevettes dans une anémone, des poissons fantômes, des poissons feuilles, Vincent a subitement un envie inquiétante : d’après le signe qu’il vient de faire, il semble vouloir nous égorger ? Ah, non, ouf ! Il veut juste nous signaler que le truc rouge de quelques centimètres de long, plein d’épines, est un poisson démon (Vincent le nommait poisson diable), extrêmement dangereux ! De plus, deux autres poissons démons sont enfouis dans le sable, seul le bout de leurs épines dépasse du sable... Avant de remonter, Anne-Marie fait une dernière photo d’un petit poisson crapaud caché dans un cordage. C’était une belle plongée !