Mardi 5 juin : (suite)
Nous ne tardons pas à arriver dans le Burren et ses paysages typiques faits de rochers arrondis (des roches karstiques comme à Krka en Croatie où les paysages sont beaucoup plus secs, mais il y a plus de touristes en Croatie qu’en Irlande) et de murets en grandes pierres plates disposées verticalement. Nous suivons toujours la route littorale, c'est-à-dire une route où sur la gauche, il y a des collines sous les nuages et sur la droite, du gris, sans qu’on sache faire la différence entre le gris de l’eau et le gris des nuages. Parfois, c’est du gris clair, parfois, c’est du gris plus foncé, voir du gris sombre ou presque du noir. Le paysage a vraiment l’air d’être joli mais c’est difficile de s’en rendre compte car, avec le brouillard, nous n’y voyons pas à plus de 100 mètres.
Nous arrivons alors au cap "Black Head", le bout du monde du Burren. Il y a même un point de vue avec un parking (hier, nous avons assez souffert du manque de point de stationnement). Nous en profitons donc pour nous y arrêter et lire les panneaux explicatifs décrivant le panorama que nous sommes censés voir (mais comme la rive est à plus de 100 mètres du parking, elle est masquée dans le brouillard). Arrive alors un bus touristique dont les passagers s’empressent de descendre pour prendre en photo le paysage (c'est-à-dire un dégradé de gris où l’on ne distingue rien, ils auraient pu au moins prendre les panneaux en photo
). C’est surnaturel ! Quand le paysage est joli et sans brouillard, les touristes se prennent eux en photo, ignorant le paysage, et quand on n’y voit rien, pour cause de brouillard par exemple, ils prennent le paysage en photo
. Nous ne devons pas être de la même planète ? Nous sommes des extraterrestres, impossible d’imaginer une autre explication !
En continuant la route vers le sud, Anne-Marie repère un panneau indiquant la direction pour une fumerie, non pas d’opium (même si on peut tout à fait imaginer que les touristes du bus avaient dû consommer des substances nocives pour leurs neurones) mais de poissons. Pourquoi pas ? Nous suivons alors ces panneaux indicateurs qui nous entraînent à l’intérieur des terres sauf qu’à une bifurcation, il n’y a plus de panneau, même en regardant en arrière (c’est qu’ils sont espiègles les employés de l’équipement irlandais). Et nous ne savons même plus où nous sommes !
Il ne reste qu’une solution : programmer le GPS pour qu’il nous guide jusqu’aux falaises de Moher, C’est mieux d’aller y directement pour attendre l’hypothétique passage d’une éclaircie (même s’il faut attendre toute la journée, nous attendrons !) que de la laisser passer lors de quelques errances dans la campagne irlandaise. A ce jeu là, David Vincent a rencontré les extraterrestres mais dans notre cas, inutile de chercher, ils sont déjà dans la voiture .
En arrivant aux falaises de Moher, nous découvrons une manière assez originale de faire payer le parking : on paye en fonction du nombre de personnes présentes dans la voiture ! Heureux les cyclistes qui n’ont donc rien à payer car au centre d’accueil, il y a bien des scanners pour les tickets mais tous les accès sont grands ouverts. On va dire que c’est une mesure écologique (et pourquoi pas, ça ne serait pas une si mauvaise mesure). Nous nous préparons alors contre la pluie : chapeaux de pluie (qui ne font marrer personne aujourd’hui ), nos vestes "de voile" et par-dessus pour protéger le sac photo, les ponchos de pluie. Pas une goutte d’eau ne doit être capable de rentrer !
Nous passons alors au centre d’accueil pour profiter des toilettes et comme la pluie s’est fortement accentuée pendant ces 5 minutes de pause, nous décidons de regarder les expositions : photos (très belles photos, avec du soleil), vidéos et sans oublier l’expérience "3D", c’est à dire un film en images de synthèse (mais sans véritable projection 3D avec les lunettes adéquates) qui simule le survol des falaises derrière une mouette ! C’est nul !!! D’accord, nous ne connaissons pas encore les conditions météorologiques extérieures qui se sont dégradées, mais regarder les falaises reconstituées en images de synthèse à 300 mètres des vraies falaises, ce n’est pas très intéressant. Nous ne restons même pas 30 secondes dans la salle de projection.
En ressortant du centre d’accueil, nous comprenons finalement l’intérêt des images de synthèse, c’était peut-être le seul moyen pour voir les falaises ? Il pleut à verse, nous n’y voyons pas à plus de 5 mètres à cause du brouillard. Ce n’est pas ce que l’on fait de mieux pour contempler des falaises de 215 mètres de haut.
En plus, c’est la grosse déprime pour Christophe (comme quoi il y a un lien entre dépression atmosphérique et nerveuse). Par ordre d’importance, on voulait voir la Chaussée des Géants, les conditions météorologiques n’ont pas été maximales. Puis, c’étaient les falaises de Moher : no comment ! Il restera le "Rock of Cashel", espérons avoir plus de chance ?