Samedi 15 septembre : (suite)
Le soir, n’ayant pas faim (nous avons trop mangé à midi), nous nous contentons d’aller boire une "piña colada" au bar branché (et désert à cette heure car cet établissement ressemble plus à une boîte de nuit qu’à un bar), situé au sous-sol du complexe hôtelier : 68 yuans le cocktail, donc 136 yuans à deux, c'est-à-dire plus cher que certains de nos repas ! C’est le genre de lieu que nous évitons habituellement mais ce soir, nous avons besoin d’oublier le mauvais temps (et un autre gros problème lié à une personne dénuée de scrupule qui pense que nous pouvons, sans la moindre difficulté, nous porter caution solidaire pour une somme correspondant à presque 90 % du salaire net de Christophe, avant impôt).
Météo de la journée :
Pluie, plus ou moins intense, de petite bruine le matin à la gare de Pingyao à grosse pluie bien dense, l’après-midi à Xi’an.
Dimanche 16 septembre : Le premier empereur !
L’hôtel ne correspond pas à ce que nous recherchons habituellement mais le buffet du petit-déjeuner est vraiment au top. Le choix de plats, occidentaux ou asiatiques, est gigantesque. Dommage que nous ne puissions en profiter qu’aujourd’hui (car demain et après-demain, nous devrons quitter l’hôtel bien avant l’ouverture de ce buffet).
Nous nous rendons ensuite à la réception de l’hôtel où nous retrouvons Delphine, la guide pour cette journée. Elle n’arrive pas à joindre par téléphone le chauffeur mais celui-ci est pourtant stationné devant l’hôtel depuis plusieurs minutes (même si nous ne l’avons pas reconnu immédiatement car il ne porte pas de lunettes aujourd’hui, contrairement à hier). C’est donc parti pour une heure de bouchon pour rejoindre le dernier point majeur de notre périple chinois : l’armée de terre cuite de Xi’an.
Delphine met donc à profit ce temps de trajet pour nous expliquer l’origine de cette armée insolite. Elle nous raconte alors l’histoire de "Qin Shi Huang" qui fut le premier à rassembler les monarchies chinoises au sein d’un empire à la fin du IIIème siècle avant J.C. (c’est donc de ce fait, le premier empereur chinois, celui qui a commencé la construction de la Grande Muraille). Ce que nous allons visiter est le mausolée de cet empereur qui s’étend sur 54 km2 et qu’il a commencé à faire construire depuis son accession au trône à l’âge de 13 ans.
Son tombeau n’est rien d’autre que la colline de plus de 100 mètres de haut, située au centre du mausolée, érigée entre la montagne et une rivière, selon les principes du "Feng Shui". L’armée de terre cuite était la reproduction de sa propre armée composée de fantassins, d’archers, de cavaliers, de chars de guerre et de gradés, pour le protéger après sa mort. Pour la construction de son mausolée "Qin Shi Huang" avait réquisitionné les paysans qui ont fini par se révolter après sa mort, en utilisant les véritables armes en bronze qui équipaient les statues (c’est pour ça que peu d’armes ont été retrouvées sur le site). Les toits qui abritaient cette armée a alors certainement été incendié car les archéologues ont retrouvé des cendres dans les strates qui recouvraient les statues. Par la suite, des inondations ont aussi cassé certaines statues et le temps a fait disparaitre les structures en bois, comme les chars de guerre ou les chariots. Il faut aussi savoir que les statues étaient peintes mais les pigments ont disparu aussitôt que les statues se sont retrouvées à l’air et à la lumière, après être restées plus de 2.000 ans sous terre. A ce propos, la re-découverte a été faite par hasard, lorsqu’en 1974, suite à une sécheresse, un paysan a creusé un puits et qu’il est tombé sur une des statues (les archéologues ont ensuite découvert le reste).
Après une petite file d’attente pour passer le contrôle d’accès (la foule arrive en masse), Delphine nous guide vers le hall de la fosse n° 1, celui qui abrite 6.000 statues, la partie la plus impressionnante du site et la plus connue. C’est vraiment très impressionnant, des alignements presque sans fin de soldats d’un mètre soixante-seize de haut (1m84 pour les généraux) alors qu’à l’époque les Chinois mesuraient plutôt un mètre soixante.
Delphine nous explique alors comment sont faites ces statues. Les jambes sont pleines pour assurer la stabilité des statues car elles ne sont pas fixées au sol, juste posées sur le dallage en briques tapissant le fond des 11 galeries. Les bustes sont creux et l’encolure servait de cheminée pour évacuer l’air chaud lors de la cuisson, pour éviter l’éclatement de la terre cuite (pour les statues de chevaux, cette cheminée était située au niveau de la queue). Les têtes sont juste posées par-dessus. Les statues sont très détaillées (les nœuds sur l’armure des généraux, les chaussures plus courbées pour les gradés, etc...) et les visages sont tous différents... C’est à couper le souffle !