Vendredi 14 septembre : (suite)

Il nous faut ensuite une heure pour rejoindre le château de Zhangbi qui ne possède pas de rempart ou tour de défense car ce château est souterrain ! Pour être exact, les tunnels et les salles qui le composent ont été creusées sous un joli village fortifié (très bien conservé comme Pingyao ; un film d’époque y est d’ailleurs en tournage). Nous commençons la visite par les galeries souterraines qui descendent en 3 niveaux jusqu’à 20 mètres sous terre. Les tunnels ne sont pas très hauts, il faut s’y déplacer presque plié en deux (et encore, aujourd’hui, il n’y a heureusement plus besoin de faire attention aux pièges creusés dans le sol de certains tunnels). Parfois, les tunnels débouchent sur de discrètes terrasses à flanc de falaise mais personne n’aurait pu découvrir que 3 kilomètres de tunnels serpentent sous le village de Zhangbi. Ce système de défense très ancien a été utilisé jusqu’à la seconde guerre mondiale, contre les Japonais. Après les galeries souterraines, nous visitons le village qui, avec différent temples et portes fortifiées, se révèle finalement bien plus intéressant que les tunnels.

Il nous faut ensuite une heure de route pour rejoindre la résidence Wang située sur les hauteurs de la ville de Jingsheng. Nous n’avions aucune idée de l’importance de cette résidence qui regroupe plus d’un millier de pavillons et 230 cours mais, quand nous découvrons cette résidence "familiale", nous sommes un peu estomaqués : c’est gigantesque ! La résidence se compose principalement de trois parties protégées par de hauts remparts et des douves, reliées entre elles par des ponts. Seules deux parties sont ouvertes au public mais cela représente déjà une énorme superficie. Chaque partie est ensuite divisées en plusieurs maisons traditionnelles à cours carrées (généralement deux cours par maison), toutes bâties sur le même plan : un grand portail, une première cour, un pavillon central, puis la seconde cour en enfilade, flanquée de chaque côté de deux petits pavillons et enfin, un grand pavillon à deux étages (comme la plupart des maisons de Pingyao). Les maisons côté vallée étaient habitées par les personnes de moindre importance, comme les domestiques, alors que les maisons les plus hautes perchées sur la colline étaient réservées aux personnes les plus hauts placées dans la hiérarchie familiale. La famille Wang a commencé comme fabriquant de tofu, c’est pour cela que l’on trouve un pilon à tofu dans la maison du fondateur de la famille qui a le droit à un petit autel avec sa statue. Mais la famille a surtout fait fortune grâce aux mariages de ses filles. A la fin de l’empire, l’importance acquise par cette famille était telle que l’empereur Puyi résida quelques temps dans cette résidence lors de la fuite.

Après avoir visité quelques maisons dans la première partie de la résidence, Doma nous guide vers les remparts de la seconde partie pour en faire le tour, ce qui permet d’avoir une vue d’ensemble sur cette résidence, avec une vue impressionnante sur les toits. Nous parcourons ensuite quelques allées ensemble avant que Doma nous laisse quartier libre pendant une vingtaine de minutes. En visitant la maison du chef de famille, au plan plus complexe que les autres maisons, Christophe se fracasse la tête sur une porte (en cherchant des toilettes, qui étaient fermées) : le chef de famille, bien que haut perché dans la résidence, n’était donc pourtant pas bien grand  !

Doma nous amène ensuite au restaurant situé juste en dessous de la résidence Wang (le repas est inclus dans l’excursion). C’est un restaurant touristique fréquenté par de nombreux groupes de touristes chinois, bruyants comme il convient (de plus, les guides, pour regrouper leurs ouailles utilisent leurs mégaphones dans les allées du restaurant ). Pourtant, les nombreux plats que nous a commandés Doma, sont plutôt bons : un plat de porc avec des champignons, un plat de poulet au piment (jusque ce qu’il faut, c’était très bon) et cacahouètes, un plat de brocolis et une assiette de raviolis en remplacement du riz. Il a même commandé un dessert : du "mil mou" au lait. Nous sommes bien portant (doux euphémisme) mais il y en a de trop, nous en laissons plein (alors que nous n’aimons pas gâcher).