Mardi 11 septembre : (suite)
Nicolas 6 est un vrai puits de connaissance mais il nous noie un peu sous toutes ces explications sur l’histoire (complexe) du bouddhisme chinois. Finalement, ce sont les explications les plus terre à terre que nous retenons le mieux. Par exemple, pourquoi la très impressionnante statue de Bouddha Sâkyamuni de la grotte n° 3 (qui a été creusée par une commande royale, comme les 5 premières grottes, alors que les suivantes ont été creusées par les habitants de la région) est toute percée de trous carrés, parfois rempli de morceaux de bois ? Parce que les statues étaient peintes et comme la peinture ne tient pas sur la pierre de sable, les trous servaient à fixer un treillage et ainsi tenir un enduit en torchis qui pouvait être peint ! Autre explication : pourquoi certains Bouddhas sont assis alors que d’autres sont debout ? Certaines statues de Bouddha sont à l’image des rois qui régnaient à l’époque et selon la "courtoise" du roi en question, les sculpteurs leur ont permis de se reposer, ou pas pour les rois qui étaient détestés !
Historiquement, les grottes étaient protégées des intempéries par des pavillons en bois accolés à la falaise. Il en subsiste encore quelques-uns aujourd’hui (bien que les pavillons visibles aujourd’hui datent du XVIIème siècle) mais certaines grottes ont perdu ces protections. Ainsi le Bouddha de la grotte n° 20 se retrouve aujourd’hui complètement à l’air libre et c’est une chance pour les photographes car il s’agit certainement de la statue la plus impressionnante du site : 14 mètres de haut ! En plus, au moment où nous arrivons devant cette statue, le soleil nous fait un joli clin d’œil en perçant enfin les nuages. La journée est photographiquement sauvée . Nicolas 6 nous laisse ensuite une petite demi-heure pour visiter le site en liberté. Nous continuons alors de visiter les grottes suivantes, bien moins impressionnantes (et nous nous faisons alors aborder par une famille chinoise pour prendre des photos avec nous, mais ne serait-ce pas la mamie qui jouait des coudes à l’entrée ?). Mais vu que le soleil est maintenant bien présent, nous préférons finalement faire demi-tour pour aller refaire des photos des grottes les plus photogéniques (nous aurions pu aussi monter jusqu’à une vieille section de la Grande Muraille de Chine, faite d’adobe, mais nous nous sommes contentés de la voir de loin).
Après les grottes de Yungang, le chauffeur met le cap vers l’est de Datong, un quartier moderne où les immeubles de 30 étages sont construits par lot de 20 (au moins), quartier traversé par de larges avenues à 6 voies... C’est surnaturel ! Cela dit, le quartier où se situe le musée moderne de Datong est encore plus surprenant. Autour d’une grande esplanade déserte, sont érigés des bâtiments à l’architecture moderne et audacieuse, finis ou encore en cours de construction. Des architectes du monde entier ont été sélectionnés pour réaliser ce théâtre, salle d’exposition d’art, bibliothèque, stade, ou encore ce musée ! Espérons que ces bâtiments sont mieux construits, avec des matériaux de bonne qualité, que l’esplanade en elle-même car, bien que relativement récente, elle commence à partir en morceaux : des dalles sont cassées ou descellées, on se dirait au milieu d’un espace abandonné depuis très longtemps. De toute façon, c’est un peu à l’image de la ville de Datong en entier : tout est en destruction ou en construction.
Mais revenons-en au musée qui est magnifique (pour combien de temps ?), aussi bien à l’extérieur (bien que l’architecture moderne soit un peu froide) qu’à l’intérieur où les salles d’exposition sont réparties sur trois étages. Les éclairages sont bien pensés, ils mettent en valeur les nombreuses et magnifiques pièces comme cette armée de terre cuite miniature possédant un grand nombre de statuettes (même si ce n’est pas autant qu’à Xi’an). Nous ne trouvons qu’un seul petit défaut à ce musée : les explications en anglais, toutefois présentes, sont toutes minimalistes. Heureusement, Nicolas 6 est là pour nous distiller quelques explications supplémentaires. Nous mettons une heure pour parcourir le musée un peu au pas de course car celui-ci est vraiment très riche et nous aurions facilement pu y passer 2 ou 3 heures.
En ressortant du musée, Nicolas 6 nous demande si nous avons faim... Ce n’est pas (encore) le cas (car nous avons bien déjeuné ce matin) et comme Nicolas 6 nous dit que nous avons encore une bonne heure de visite, nous pourrons attendre. Nous reprenons alors la direction du centre historique de Datong pour visiter le temple Shanhua, un ancien monastère Bouddhique situé à proximité des remparts de Datong. L’intérêt de ce temple, un des plus vieux de Chine, est assez limité mais nous sommes toute de même impressionnés par la porte d’entrée du temple qui abrite les quatre statues des gardiens, quatre rois célestes, se trouvant de chaque côté de la porte. Le reste est plus commun : statues de Bouddha (moins impressionnantes que celles de ce matin) et des brûloirs à encens.