Vendredi 7 septembre : (suite)
Notre chauffeur roule aussi assez vite (quand les bouchons ne le ralentissent pas), nous traversons ainsi une ville à plus de 90 km/h, sauf au moment où il se met à freiner brusquement à l’approche d’un portique métallique, équipé de caméras de surveillance qui peuvent certainement contrôler la vitesse. C’est bizarre, ça nous rappelle un autre peuple qui freine à 20 km/h sous la limitation de vitesse devant les radars, ce sont les ... (suspense) ... Français (car les Italiens freinent 40 km/h sous la limitation de vitesse et les Péruviens n’ont pratiquement pas de radars automatiques). Bien évidemment, aussitôt le portique passé, notre chauffeur réenclenche aussitôt le mode sport !
En sortant de Pékin, notre chauffeur nous avait tendu un dépliant (prospectus) d’une boutique de poteries que nous n’avons pas lu. Mais quand nous arrivons à proximité de Mutianyu, notre slalomeur de l'asphalte s’arrête alors dans cette boutique. Christophe n’est pas d’accord du tout : "no, no, no" ! Même si notre chauffeur ne parle que chinois, il a bien compris ce mot en anglais : nous ne voulons pas nous arrêter là. Le ciel est bleu, mais quelques nuages commencent à pointer le bout de leur nez, ce n’est vraiment pas le moment de perdre une demi-heure pour aller visiter une boutique de poteries où nous n’achèterons rien (parce que cela ne nous intéresse absolument pas ; et, nous ne le savions pas encore, perdre une demi-heure aurait vraiment été très chiant pour nos photos).
Notre chauffeur fait donc rapidement demi-tour et nous rejoignons alors l'immense centre touristique prévu pour accueillir les visiteurs de Mutianyu : grand parking souterrain et grand centre commercial (à ciel ouvert) avec de nombreuses boutiques et restaurants. C’est très bien organisé (comme très souvent en Chine), même si cela fait peur sur le nombre de visiteurs pouvant être accueillis en même temps sur la Grande Muraille. Notre chauffeur nous accompagne alors devant les guichets, tous en enfilade, où sont vendus les tickets d’entrée ainsi que les services quasi-obligatoires pour accéder au mur : bus pour rejoindre le départ du téléphérique et donc, téléphérique. Notre maniaque du klaxon nous propose en premier la compagnie qui opère la montée en télésiège et la descente en luge : avec les sacs photos sur le dos, nous ne comptons pas utiliser cette compagnie... Nous préférons celle que nous a aussi conseillé Nelly, la greeter, celle qui opère, pour la montée et la descente, des télécabines de couleur orange. Il nous faut donc débourser 360 yuans, pour deux personnes, pour le bus, le téléphérique et l’entrée sur la Grande Muraille.
Notre chauffeur nous accompagne ensuite sur une centaine de mètres en direction du terminal de bus, pour nous indiquer où il nous attendra et à quelle heure. Nous avons jusqu’à 13 heures. Le bus où nous embarquons après quelques petites minutes d’attente, permet de traverser un petit village niché dans une vallée étroite, avant de rejoindre le départ des téléphériques. En descendant du bus, nous ne sommes alors plus qu’à quelques encablures de la Grande Muraille que nous commençons à deviner sur la ligne de crête de la montagne. Pour y accéder, il ne nous reste donc plus qu’une petite montée à pied pour rejoindre le départ des télécabines et de monter dans l’une de ces cabines de couleur orange pétard... Mais heureusement, même avec cette couleur, ces infrastructures restent très discrètes dans le paysage qui n’est donc pas dénaturé. Vu la grandeur du site, on ne distingue même pas les téléphériques depuis le haut du mur, même la grande plate-forme bétonnée de l’arrivée des télécabines, où se trouve pourtant un bâtiment de taille assez conséquente.
Sortie des télécabines, Anne-Marie se dirige tout d’abord vers la droite pour rejoindre la tour de guet la plus proche, afin d’avoir une vue un peu générale sur l’ensemble. Mais nous faisons ensuite rapidement demi-tour pour suivre le chemin de ronde vers le nord-ouest. Ce tronçon de la Grande Muraille, rénové récemment, a été initialement construit au VIème siècle, puis totalement reconstruit au XVIème siècle. Le mur qui ne fait que 7 à 8 mètres de haut (sur seulement 4 à 5 mètres de large, impossible donc de le voir depuis l’espace), n’est pas aussi impressionnant que ça, mais ce qui le rend exceptionnel est le fait qu’il suit scrupuleusement la ligne de crête de la montagne sur des dizaines de kilomètres et ce, quel que soit le dénivelé ! Ce long serpent de pierres monte, descend et remonte même sacrément car, sur la dernière section ouverte au public (même si des visiteurs outrepassent l’interdiction), la pente est très raide. Pour parvenir au sommet de la tour de garde marquant la fin de cette section, les marches de l’escalier font 50 cm de haut, on peut facilement poser les mains sur les marches à hauteur de poitrine pour gravir cet escalier. Tous ces efforts sont alors largement récompensés : la vue depuis le haut de cette tour de guet est exceptionnelle ! La Grande Muraille, si fine, se devine en pointillé, de tour de guet en tour de guet, comme un chapelet, sur la crête des montagnes toutes couvertes de forêts. Anne-Marie est toute émue et verse sa petite larme (pour Christophe, c’était avant hier, en entrant dans la Cité Interdite).