Jeudi 6 septembre : (suite)
Nous ressortons du parc du Temple du Ciel par la porte est et nous reprenons la ligne n° 5 de métro pour rejoindre le café Costa, situé en face du temple des Lamas (il ne s’agit pas du "lama glama", l’animal domestique d’Amérique du sud, cher aux Incas, mais des enseignants religieux du bouddhisme tibétain ), où nous aurons rendez-vous à 14 heures pour la visite guidée d’un Hutong, du temple de Confucius et peut-être du temple des Lamas (que nous aurions dû finalement visiter au lieu d’attendre dans le café, mais nous avions pensé qu’il était prévu dans l’excursion). Après avoir cherché dans ce quartier branché de quoi manger, sans grand succès (car Anne-Marie, un peu barbouillée, n’a pas trop envie de se lancer dans des découvertes culinaires), nous décidons finalement de manger au café Costa, un café pour expatriés (même si des Chinois le fréquentent) car la nourriture y est occidentale et les prix sont assez salés : 117 yuans pour 1 panini, un wrap, 1 jus d’orange et une limonade ! Hier au soir, nous avons mangé bien mieux pour à peine plus cher (heureusement, dans une rue avoisinante, Christophe trouve ensuite une bouteille de Coca-Cola à 5 yuans, c'est-à-dire un tarif normal pour la Chine).
Donc à 14 heures (après avoir testé les toilettes publiques, très propres, c’est important de le dire non ?), nous rencontrons Jing (qui se prononce gin, comme l’alcool, car on ne prononce pas le g, à l’instar du mot Hutong qui se prononce, avec le "H" très fortement aspiré, presque "routone") qui sera notre guide pour cet après-midi. Nous ne sommes que 5, avec Jing, un nombre bien raisonnable pour cette excursion à pied jusqu’au temple de Confucius et l’académie impériale qui y est accolée. Avant d’aller acheter les tickets d’entrée, Jing nous demande si nous avons plus de 60 ans (ce qui n’est pas notre cas mais c’est celui des deux autres participants à cette excursion) : outre le fait de profiter d’une réduction sur le prix d’entrée, 60 ans est l’âge de la sagesse absolue pour le Confucianisme car il correspond à 5 cycles, pour les 5 éléments (eau, feu, bois, métal, terre ; et non, Leeloo n’est pas le cinquième élément ), de 12 signes astrologiques !
La visite du temple commence alors par un passage devant les stèles de pierre citant les noms des hauts fonctionnaires ayant été reçus au concours impérial pour administrer les régions et provinces de l’empire chinois (à l’époque), avant de continuer par le pavillon principal du temple où nous découvrons des instruments de musique assez particuliers. Le temple de Confucius est un vrai havre de paix au cœur de Pékin car il est peu fréquenté des touristes (il n’y a qu’un groupe d’une trentaine de touristes chinois au lieu des habituelles dizaines de groupes), ce qui en fait tout son intérêt, en plus du fait de pouvoir entrer dans les pavillons, chose qu’il est rarement possible de faire dans les autres sites touristiques de Pékin.
La principale partie de la visite est cependant consacrée à l’académie impériale, organisée autour du pavillon Biyong, magnifique pavillon entouré d’un canal et coiffé d’une grosse boule dorée comme au Temple du Ciel. Mais ici, les tuiles sont jaunes pour indiquer qu’il s’agit d’un bâtiment commandé par l’empereur lui-même. L’académie servait à préparer les étudiants au concours d’administrateurs des provinces impériales. Les familles chinoises se sacrifiaient pour envoyer leur garçon (les filles n'étaient pas acceptées) dans cette académie, pour 3 ans et demi d’études très strictes. Chaque année, les étudiants n’ayant pas obtenu les points nécessaires, étaient éjectés de l’académie, ça ne devait pas rigoler du tout ! Et le pire était le passage du concours en lui-même : chaque étudiant était enfermé pendant 3 jours dans une microscopique cellule individuelle, avec interdiction d’en sortir pendant l’examen, pour éviter toute forme de triche. A l’issue du concours, les copies des étudiants étaient même recopiées pour éviter que les professeurs correcteurs reconnaissent l’écriture de leurs élèves ! D’après le musée de l’académie, Voltaire, ainsi que de nombreux autres pays asiatiques, était admiratif de ce système.