Mercredi 5 septembre : (suite)
Nous pénétrons alors dans la Cité Interdite par le long couloir qui passe sous la porte du Midi. La première impression qui nous vient à l’esprit quand nous débouchons (enfin) sur la cour de la rivière aux Eaux d'Or, devant la porte de la Suprême Harmonie, est : c’est grand, immense même ! Mais pourquoi Puyi se plaignait-il d’être enfermé dans cette cité, belle prison dorée ? Franchement, s’il faisait 10 fois le tour des remparts de la cité, il faisait un marathon ! Et vue de nombre d’allées et passages qui sillonnent la cité, il y a fort à parier qu’on peut y flécher un parcours de marathon, sans jamais repasser deux fois au même endroit. Mais ce matin, ça va être difficile de suivre le tracé d’un tel marathon car la moitié de la Cité Interdite est fermée aux visiteurs : des policiers en uniforme servent de piquets pour tendre une grande corde jaune qui bloque le passage vers les portes et pavillons du centre de la cité, comme le pavillon de la Suprême Harmonie.
Toute la foule est canalisée vers le nord-est, c’est à dire presque la sortie. Des chefs d’état africains doivent certainement être en train de réaliser une visite privée du site. C’est un bien pour un mal : on ne peut pas voir de près les bâtiments de la cité mais cela évite d’avoir une multitude de personnes flânant sur les grandes terrasses de marbre blanc des pavillons et ça, c’est très bien pour les photos, surtout avec le beau ciel bleu que nous avons ce matin. Puis, nous le découvrions l’après-midi, c’est bien l’architecture extérieure des bâtiments qui est le plus remarquable. Les intérieurs, difficiles à apercevoir à cause de la foule, sont un peu poussiéreux et pas forcément d’un grand intérêt (ils mériteraient en tous cas d’être mieux mis en valeur et parfois même restaurés).
Alors que nous suivons le flux de visiteurs, un couple de touristes chinois nous aborde pour nous demander de poser avec eux sur une photo, devant la terrasse du pavillon de la Suprême Harmonie. Sommes-nous des bêtes curieuses ? Nous ne le saurons jamais mais vu les sourires qu’ils arboraient, cette requête était bien sympathique... Notre photo a dû être envoyée au fin fond d’une campagne chinoise (et comme ce genre d’événement s’est reproduit souvent durant le séjour, avec d’autres touristes chinois, nous devons être célèbres dans les campagnes chinoises... ou alors, c’étaient des agents du Guoanbu, le service secret chinois, qui sait ? ).
Peu après, nous quittons le flux touristique pour rejoindre l’aile est de la cité et nous tombons presque par hasard devant le musée des horloges, une des options que nous avons achetées le week-end dernier (même si nous n’en sommes pas tout à fait certains car le nom sur les panneaux indicateurs de la Cité Interdite diffère quelque peu de celui du site de réservation où nous avons acheté les tickets d’entrée). Nous tendons alors nos passeports au guichetier qui se contente de saisir un seul numéro de passeport sur son écran et c’est bon, nous pouvons entrer ! Ce système est assez génial (même si ça permet au Guoanbu de vérifier où nous sommes ).
Le musée des horloges est relativement petit et comme son nom l’indique, des horloges de différentes époques (et plutôt européennes), laissant supposer des mécanismes complexes, y sont exposées entre quelques imposantes clepsydres (horloges à eau). L’intérêt de cette visite n’est pas primordial mais pour 10 yuans (environ 1,20 euros), pourquoi s’en priver ? Pour ceux que ça intéresserait vraiment, il y a des représentations, certainement en chinois, à 11 et 14 heures, pour montrer le fonctionnement de quelques horloges. Mais nous n’avons pas attendu...
Après cette visite rapide, nous continuons de parcourir la partie est de la cité et nous arrivons donc à la galerie du trésor, beaucoup plus vaste et intéressante que le musée des horloges, même si nous passons un peu rapidement devant les vitrines où sont exposés des bijoux et des couvre-chefs exubérants en or que nous supposons être massif, parfois incrusté d’autres matériaux précieux... La carte du ciel exposée dans une de ces vitrines, est assez jolie mais cette sphère en or où les étoiles sont représentées par des perles, n’irait pas avec notre intérieur très suédois . Quant à la noix en corail rouge, avec son cerneau en or, elle n’est pas compatible avec notre loisir, la plongée ! L’empereur à qui appartenait ce bijou ne devait pas s’en soucier à l’époque mais le corail est le squelette externe d’une colonie de petits animaux presque en voie de disparition avec le réchauffement climatique et l’acidification des océans (il ne faut donc pas acheter d'objets en corail). Les œuvres les plus impressionnantes et les plus remarquables exposées dans la galerie du trésor sont deux énormes blocs de jade, de plus d’un mètre de haut et de circonférence, entièrement et très finement sculptés, représentant des paysages de montagne. Ils sont absolument magnifiques !