Le marché de Chinchero

Dimanche 10 septembre : Terrasses au soleil !

Pour les 4 prochains jours, nous avons finalement opté pour ne prendre que deux petits sacs à dos, bien tassés. Nous laissons donc nos gros sacs de voyage à la consigne de l’hôtel (à noter que nous aurions pu les prendre pour les deux premiers jours et les laisser au chauffeur avant de prendre le train, pour qu’il les ramène à l’hôtel de Cusco). A 8 heures et demie, Richard, notre sympathique guide pour les deux prochains jours (un vrai puits de connaissances sur les Incas et leur culture), passe nous chercher à la réception de l’hôtel. Esteban, notre chauffeur, s’est garé un peu plus loin dans la rue, là où elle redevient plus large. Nous sommes donc partis pour un peu plus d’une heure de route pour accéder au plateau de Chinchero qui domine la Vallée Sacrée des Incas à 3.800 mètres d’altitude.

Quand Esteban nous dépose avec Richard à l’entrée du village de Chinchero, il nous reste une dizaine de minutes de marche pour rejoindre la grande place, en traversant les ruelles du village où une grande fête est en préparation. Un groupe de musiciens est en train de manger dans une maison : Richard nous explique que c’est celle de la famille qui a été désignée cette année pour organiser la fête. Cette famille doit donc nourrir tous les invités de la fête, avec l’aide des autres familles du village. Sur la grande place, en contre-bas du parvis de l’église, des sortes d’autels, composés d’images religieuses entourés de longues perches en bois, ont été dressés en l’honneur de la fête, c’est assez surprenant !

Entre le parvis de l’église et la grande place, se dresse un mur inca percé de plusieurs grandes niches de forme trapézoïdale. Elles servaient au temps des Incas, à faire prendre l’air, pardon, à exposer les momies d’importants nobles incas. Le parvis de l’église était la terrasse où se tenaient les nobles, alors que le peuple devait rester sur la terrasse inférieure qui forme aujourd’hui la grande place de Chinchero. Richard nous fait alors visiter l’intérieur de l’église où sont exposées plusieurs statues d’idoles catholiques, parfois posées sur des tables de procession. Elles sont toutes revêtues d’habits à paillettes qui sont d’onéreuses offrandes payées par les villageois. D’après Richard, cette pratique vient des Incas qui habillaient leurs momies, ces dernières ont juste été remplacées par des statues de saints ou saintes catholiques (ce qui est curieux car en Andalousie, ces statues sont aussi parfois revêtues d’habits à paillettes, à l’instar de la vierge de la Macarena, à Séville).

Derrière l’église (bâtie sur des fondations incas comme le clocher ou d’autres bâtiments du village), nous découvrons enfin le site archéologique de Chinchero, de grandes terrasses incas destinées à l’agriculture. Elles s’étendent sur quelques centaines de mètres, en formant plusieurs angles. Afin d’assurer une meilleure exposition des cultures au soleil, celles-ci sont dirigées vers le nord (ne pas oublier que dans l’hémisphère sud, le soleil de midi est au nord). L’agriculture était une priorité des Incas, afin de pourvoir toute l’année, la nourriture au peuple et ainsi assurer une stabilité à l’empire. Les Incas ont généralement procédés comme les Romains pour former leur vaste empire : ils ont assimilés différentes peuplades, en leur offrant une sécurité alimentaire, plutôt que les affronter brutalement, même s’ils sont entrés en guerre contre des tribus ennemies dont certaines ont aidé les conquistadors à envahir l’empire inca. D’ailleurs, à propos de stabilité, les Incas construisant des murs penchés afin d’augmenter leur assise et ainsi éviter qu’ils s’effondrent lors des tremblements de terre qui frappent souvent le pays (et comme pour prolonger ce style architectural , leurs fenêtres étaient trapézoïdales alors que les civilisations pré-incas avaient des fenêtres rectangulaires). Pour la construction de ces différentes terrasses, les Incas ne creusaient pas la montagne, ils érigeaient des murs (penchés) de soutènement et comblaient ensuite l’espace derrière ces murs, en commençant par des grosses pierres qu’ils couvraient ensuite de gravier de plus en plus fin et finissaient par de la terre arable. Ainsi, ils assuraient le drainage de l’eau en cas de fortes pluies à l’aide de trous aménagés à la base des murs qui permettaient l’écoulement de l’eau.