Mardi 5 septembre : (suite)
Les Uros ne vivent que de la pêche (pas moyen de cultiver quoique ce soit sur ces îles flottantes) qu’ils troquent contre d’autres produits alimentaires, et bien évidemment du tourisme. Le chef du village nous propose alors de faire une tour en balsa (qu’il a peint de couleurs vives pour protéger le roseau du soleil) : 15 soles (moins de 4 euros) par personne. De toute façon, il faut bien les rétribuer d’une manière ou d’une autre pour la conservation de leurs techniques de construction ancestrales (sans le tourisme, il n’est pas certain que ces techniques perdurent). Nous acceptons donc sa proposition et il faut avouer que c’est assez intéressant car le chef nous amène récolter du roseau. Avec une longue tige en bois, munie d’une lame très aiguisée en son bout, il coupe les roseaux sous l’eau. Les meilleures tiges sont utilisées pour l’artisanat alors que les autres sont disposées sur le sol de l’île pour l’entretenir. Mais les roseaux servent aussi à l’alimentation : en enlevant l’écorce à la base du roseau, on peut manger une pulpe blanche qui ressemble en texture au cœur de palmier et son goût rappelle un peu celui de la canne à sucre, en beaucoup moins sucré. Pour finir la balade en balsa, la fillette qui nous accompagne nous chante une petite comptine en espagnol. De retour sur l’île, nous découvrons alors l’artisanat qu’ils fabriquent en roseau. Les pendules sont assez jolis (et ils risquent de beaucoup amuser nos chatons, il faudra attendre quelques années avant de pouvoir l’accrocher à la maison). Nous en choisissons un à 20 soles, ce qui fait en tout 50 soles avec le tour en balsa.
Nous avons ensuite deux heures de navigation pour rejoindre le village de Llachón sur la presqu'île de Capachica. Lors de l’amarrage contre la digue du petit port, Sebastian nous fait remarquer que les eaux du lac baissent d’année en année, ce qui est peut-être dû au réchauffement climatique. La maison de notre hôte est toute proche du port. Au côté de sa femme coiffée d’une sorte de tricorne multicolore à pompons en laine, Felix nous accueille avec un grand sourire dans sa magnifique maison perchée sur un petit éperon rocheux et nous montre notre chambre pour la nuit prochaine. Elle est assez rustique mais assis sur le lit, nous pouvons jouir d’une magnifique vue sur une petite baie et, au loin, sur l’île de Taquile ! Ca nous change de la chambre de la nuit passée, surtout côté vue.
Nous passons ensuite à table. Après une soupe de quinoa, pommes de terre, carottes et asperges, on nous sert un bon filet de truite (tout décortiqué) avec du riz et des frites (les truites sont sûrement d’élevage, des grands filets de pisciculture sont amarrés à une centaine de mètres des rives de la presqu’île). Sebastian demande alors un petit pot d’épices (presque comme du rougail réunionnais, mais en moins pimenté) pour relever le plat qui est bien meilleur avec un peu plus d’épices. En boisson, il y a de l’eau chaude et des branches de muña, pour se faire une infusion : de manière générale, les Péruviens prennent une boisson chaude pendant le repas !
A 2 heures de l’après-midi, nous partons faire une randonnée sur les hauteurs de la presqu’île avec Sebastian, au milieu des cultures en terrasses millénaires. Ici, 7 variétés de pommes de terre et de tubercules sont cultivées, tout comme le maïs ou l’avoine. L’agriculture est la principale activité des habitants de Llachón, même si le tourisme commence à prendre une part importante dans la vie de la presqu’île. Par exemple, Felix (dont sa maison est très connue et courue des touristes français, Guide du Routard oblige ; alors que d’autres hôtes sont réputés auprès d’autres nationalités) fait partie d’une association d’éco-tourisme qui a aussi aménagé le sentier que nous empruntons. Le chemin est bien empierré, voire même maçonné par endroits, et dispose de nombreuses petites haltes équipées d’un banc sous un coin couvert pour s’abriter du soleil (ou de la pluie, heureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui). Celles-ci sont bien nécessaires pour reprendre son souffle car 10 mètres de dénivelés nous en paraissent 100 ! Il faut dire que nous sommes presque à 4.000 mètres d’altitude. Quand nous arrivons au belvédère, point le plus haut de notre randonnée, la vue sur la presqu’île, le lac Titicaca et l’île de Taquile, est exceptionnelle ! Nous sommes assurément dans l’un des plus beaux endroits de la planète que nous avons eu la chance de voir (nous en avons pourtant visité quelques-uns).