Mardi 5 septembre : Navigation à 3.800 mètres !
Après le petit-déjeuner, à 7 heures et demie du matin, nous profitons d’un grand ciel bleu pour faire quelques photos de la cathédrale sur la "Plaza de Armas", avant de revenir à l’hôtel pour déposer nos gros sacs à la consigne (nous avons hésité longtemps pour savoir si on laissait l’ordinateur d’Anne-Marie dans un des sacs mais le personnel de l’hôtel semble sérieux, il ne devrait pas y avoir de risque de se le faire voler). Roberto, le chauffeur, est déjà garé devant l’hôtel depuis 8 heures moins le quart mais Sebastian n’arrive qu’à 8 heures du matin comme prévu. Nous partons alors en direction du port où nous n’embarquons que tous les trois, avec Sebastian, dans un bateau touristique prévu pour une trentaine de passagers. Nous avons donc largement de la place (mais nous n’étions pas les seuls à n’embarquer qu’à deux ou trois sur de telles embarcations). Nous allons donc voguer sur le plus haut lac navigable au monde, pour des gros bateaux comme le steamer "SS Ollanta" qui est amarré dans le port de Puno.
Pendant la traversée de la baie de Puno, au milieu des roseaux (totora en V.O.) où nichent quantité d’oiseaux marins, comme les sarcelles de la puna possédant un bec d’un bleu étonnant, Sebastian nous explique la formation de l’altiplano, cette plaine perchée à environ 4.000 mètres d’altitude. En fait, il y a plus de 10.000 ans, le vaste lac Ballivián qui était presque une mer intérieure, recouvrait tout l’altiplano. Ce sont les dépôts sédimentaires de ce lac qui ont nivelé cette grande plaine d’altitude. Puis des effondrements ont libéré les eaux du lac qui s’est vidé progressivement (on peut observer les différentes strates sur les collines entourant le lac Titicaca), donnant naissance au lac Titicaca mais aussi au salar d'Uyuni en Bolivie.
Après une heure de navigation, nous arrivons aux abords d’une île Uros, cette communauté qui vit sur des îles flottantes. L’île où nous sommes attendus avec impatience, ne donne pas une impression de vie quotidienne car tout semble avoir été construit pour les touristes (il y a fort à parier qu’après le départ des touristes, cette famille reprend la barque à moteur amarrée dernière l’île, pour rejoindre une autre île flottante où la communauté vit vraiment ; on peut voir ces îles grâce à "Google Map"). Quoiqu’il en soit, cette visite permet néanmoins de répondre à la question cruciale que tous les élèves français normalement intelligents, ont dû se poser après avoir ri du nom du lac : est-ce que l’on s’enfonce quand on marche sur une telle île ? Et voici donc la réponse à cette question primordiale : oui ! Surtout pour des personnes de notre gabarit... Heureusement, nous nous enfonçons seulement de quelques centimètres mais cela rend nécessaire l’utilisation de chaussures un peu étanche. Certes, nos pieds ne s’enfoncent pas jusqu’à l’eau, mais le sol, en roseau, est quand même bien humide !
Pour nous expliquer comment sont construites ces îles flottantes (qui ne flottent qu’en saison des pluies ; en saison de basses eaux, l’île repose sur le fond du lac qui n’est pas très profond dans la baie de Puno), le chef du village dispose d’une bien jolie maquette en roseau. La base de l’île est faite de racines de roseaux qu’il faut récolter en s’immergeant (sans combinaison en néoprène) dans l’eau du lac qui oscille entre 9 et 14 °C. Ensuite, plusieurs épaisseurs de tiges de roseaux sont disposées de manière croisée au dessus des racines. Le tout est relié ensemble par des pieux en bois plantés dans les racines et ficelés ensemble. Il faut un an pour construire une telle île qui dure 40 ans (en l’entretenant régulièrement en reposant des tiges de roseaux sur le sol). Les roseaux sont aussi utilisés pour les toits et les murs des habitations posées sur une plate-forme en bois pour éviter l’humidité, et disposant d’une charpente en bois. Le bois dure plusieurs années mais les roseaux doivent être changés tous les 6 mois. Comme tout est combustible sur ces îles flottantes, les repas sont préparés sur un tout petit foyer fermé en céramique (les cendres dans le foyer sont les seules traces d’occupation réelle de l’île). Reste donc la balsa, la barque traditionnelle en roseaux, surnommée Mercedes par les Uros, qui n’est plus utilisée que pour les mariages (pour tous les jours, il y a la barque à moteur
). Il faut 4 mois pour la construire mais elle ne dure qu’un an.