Samedi 16 septembre : (suite)

Après avoir traversé le centre de Trujillo, nous arrivons donc près d’une montagne triangulaire au pied de laquelle se trouve la "Huaca de la Luna" mais aussi la "Huaca del Sol", un autre temple Moche qui n’a pas encore été fouillé. De loin, ce dernier temple ressemble à un énorme tas de terre mais en passant tout à proximité, nous nous rendons compte que ce tas de terre est composé de briques de terre séchée. La "Huaca de la Luna" est située un peu plus loin mais pour l’instant, le taxi nous dépose au musée où le minibus des anglophones est déjà arrivé. S’il n’y avait pas moyen d’avoir de la lumière ce matin dans la grande salle de la maquette du musée de Chan-Chan, cet après-midi, c’est carrément la coupure de courant, le musée est dans le noir ! Du coup, Maritsa nous demande si nous voulons le visiter : de toute façon, pour 10 soles, nous n’avons pas grand-chose à perdre...

Puis, même sans lumière, les salles restent (presque toutes) suffisamment éclairées (même s’il a fallu un peu éclairer certaines vitrines avec l’écran du téléphone d’Anne-Marie). Nous découvrons alors de très belles œuvres qui servaient principalement aux manifestations religieuses des Moches, très bien conservées et bien mises en valeurs dans de belles vitrines. La plupart des pièces sont des poteries en terre cuite, des petites ou des grosses, très grosses mêmes. Certaines ont la forme de crapaud ou de l’effrayant dieu de la montagne mais d’autres représentent des prisonniers, complètement nus, avec la corde autour cou et les mains attachées dans le dos. La collection du musée comprend aussi un impressionnant plastron en or et d’amusantes maquettes réalisées par les artistes chimús, qui représentent des cérémonies religieuses avec les figurines des prêtres.

Après 40 minutes de visite du musée, nous retrouvons nos co-voyageurs hispanophones dans un minibus antédiluvien (en tous cas, ce véhicule a dû en voir des phénomènes "El Niño" car son compteur affiche plus de 350.000 km et nous ne serions pas étonné s’il y a un 1 ou un 2 avant le 3). Nous partons alors en direction d’un grand tas de terre recouvert d’un grand enchevêtrement de toits en tôles ondulées, la "Huaca de la Luna". De l’extérieur, ça ne ressemble à rien mais à l’intérieur, nous allons crescendo de surprise en surprise ! Sincèrement, le site est presque aussi impressionnant que le "Machu Picchu" (d’accord, le cadre de tôles ondulées n’est spécialement attrayant et la superficie du site est toute de même petite, mais c’est le troisième site archéologique le plus spectaculaire du voyage) car nous découvrons quelque chose que nous ne nous attendions pas du tout à voir (de plus, Maritsa qui a dû faire partie des volontaires qui ont aidé les archéologue lors des fouilles, sait faire passer tout l’intérêt et même la passion qu’elle a pour ce site qui n’est pas encore classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco).

Ce site, découvert en 1991, est donc une pyramide à niveaux construite en adobe, érigée par la civilisation Moche. En fait, cette pyramide est la superposition de 5 temples : quand les Moches voulaient un temple encore plus grand et plus haut, ils ne détruisaient pas le temple précédent, mais construisaient par-dessus ! Les briques en terre séchée du 5ème et dernier temple, aujourd’hui érodé, ont donc parfaitement protégées le 4ème temple. Les couleurs originales, rouge, jaune, noire et bleue, des bas-reliefs ou des fresques décorant de ce temple ont donc traversé les siècles et ce que nous découvrons est exceptionnel !

Nous commençons la visite par le haut du temple, là où les Moches sacrifiaient leurs prisonniers (ceux qu’ils ont représentés en poterie, nus avec la corde autour du coup). Les bas-reliefs et les fresques de cette partie représentent principalement un monstre à grosses canines dans des losanges. Maritsa nous fait ensuite remarquer des formes sur les briques de terre séchée : ce sont les "signatures" des ouvriers qui les ont fabriquées et l’un d’eux avait déjà inventé le smiley !