Mercredi 23 novembre : Cajunland ?
Ce matin, nous partons visiter Vermilionville à Lafayette. Nous y arrivons bien avant 10 heures du matin, heure d'ouverture de ce parc culturel cajun (les Américains ne sont vraiment pas matinaux, il n'y avait pas grand monde sur la route). Avec le Guide du Routard, nous ne payons que 6 $ par personne, au lieu des 10 $ du tarif de base, c'est loin d'être négligeable. La dame de la boutique, à l'entrée du parc, parle français (avec quelques erreurs), ce qui est bien plus simple pour comprendre ce que nous allons voir dans ce village cajun reconstitué. Les quelques maisons de ce village sont de véritables maisons (ou église) historiques, initialement construites dans la région mais déplacées dans ce village pour les préserver.
Nous nous rendons aussitôt tout au bout du village, près d'un étang, et nous visitons les maisons, équipées des meubles et d’ustensiles d'époque, en revenant vers l'entrée (l'orage est en train d'arriver comme prévu mais nous avons laissé nos cirés dans le coffre de la voiture car nous sommes joueurs : ainsi, quand il se mettra à pleuvoir, nous serons alors au plus près de la sortie, pour éviter d'avoir à trop marcher sous la pluie). Les premières visites ne sont pas spécialement intéressantes, à une exception près : dans une des maisons, une énigmatique boîte à musique attire notre attention. Il s'agit d'un polyphon équipé avec un disque métallique circulaire, plat comme un disque vinyle, mais percé de petits trous. Détail ultime : le disque est intitulé "The Marseillaise, French hymn" !
L’intéressant commence ensuite. Dans une autre maison, une dame, en tenue d'époque, nous montre comment filer le coton, c'est à dire comment former un fil de coton, fin mais bien solide, avec un rouet, après avoir travaillé une fleur de coton entre deux brosses. Dans l'école du village, où le grand tableau noir rappelle qu'il était interdit aux Cajuns de parler français, deux musiciens, un joueur de mélodéon, un accordéon cajun, et un guitariste, entament quelques chansons cajuns. Le guitariste tente de nous expliquer où aller pour écouter de la musique cajun mais il y a autant de mots anglais que de mots français dans ses explications. En plus, avec l'accent, impossible de bien nous rendre compte quand il passe du français à l'anglais et vice-versa. La dernière rencontre se fait dans l'atelier du menuisier : c'est un retraité qui vient dans ce village 3 jours par semaine, pour sculpter des jouets en bois. Ca lui fait à la fois un passe-temps et un moyen de promouvoir la culture cajun.
La pluie, diluvienne, arrive alors que nous sommes presque à la sortie du village, au niveau d'une exposition sur l'eau ou, pour être exact, sur le bassin fluviale de Mississippi qui comprend bien évidemment le bassin d’Atchafalaya. Après avoir parcouru cette exposition, vers 11 heures et demie, nous aurions bien aimé manger au restaurant du parc, un restaurant de cuisine cajun, mais après le petit-déjeuner pantagruélique que nous avons avalé ce matin, nous n'avons pas faim du tout. Sur les conseils du guitariste de l'école, nous nous rendons alors à l’"Acadian Cultural Center", tout proche de Vermilionville. C'est un musée de l'état de Louisiane (gratuit) où nous assistons, à midi, à la projection d'un film sur l'Acadie, la colonie française du nord du continent américain, et la déportation des Acadiens par les Anglais qui avaient pris la possession de l'Acadie, rebaptisée Nouvelle-Ecosse. Cette déportation, appelée le "Grand Dérangement", avait tourné au génocide, le gouverneur anglais de l'époque n'ayant pas fait dans la finesse pour se débarrasser des francophones. Après être repassé par la France, les Acadiens ont ensuite été envoyés en Louisiane où ils ont fondé l'Acadiane qui correspond aujourd’hui au pays Cajun (au fait, Cajun est une déformation de Cadien qui vient d'Acadien ; quant à la voiture de Citroën, l'Acadiane, c'est l'association de Dyane, la petite berline apparue après le 2CV, et de AK, la dénomination des fourgonnettes chez Citroën). Après le film, nous visitons l’exposition du musée, intéressante, entre autre, pour les instruments de musique cajuns. La visite de ce centre culturel n'était pas incontournable mais toutefois intéressante, surtout vu la météo qu’'il faisait.
Sous la pluie battante, nous rejoignons ensuite (et en voiture) le "Mall of Acadiana" qui n'a strictement rien de culturel puisqu'il s'agit d'un immense centre commercial, un grand mall américain. Christophe y trouve des jeans à 50 % du prix français, mais aussi des pulls de bonne facture à seulement 15 $ et une chemise de randonnée, de marque, très bien soldée. Dans deux jours, ça sera le "black friday" (la journée de soldes aux USA, qui suit le jeudi de Thanksgiving) mais beaucoup d'articles sont déjà soldés à -50 %. Anne-Marie cherche aussi des habits pour elle. Après avoir cherché, cherché, cherché, elle trouve juste une petite chemise soldée à -70 %.