Dimanche 20 novembre : (suite)
Nous nous rendons ensuite au sud du lac de la rivière aux cannes, pour visiter la "Magnolia plantation", une autre ancienne plantation aujourd'hui "state park" (en partie car l'habitation principale est restée privée et ne se visite pas, on ne peut même pas la voir depuis la route). Le magasin de la plantation n'est pas aussi intéressant que celui de "Oakland plantation" et l'ancien hôpital des esclaves qui abrite aujourd'hui une exposition sur l'esclavage, n’est pas vraiment plus intéressante. Les maisons d'esclaves, construites en briques mais selon le plan du code noir, offrent un peu plus d'intérêt mais c'est surtout le grand hangar, un peu à l'écart, qu'il faut visiter : c'est le "gin barn" ! Non, il n'y a pas d'erreur, il y a bien un "n" accolé à "bar", ce n'est donc pas un bar à gin. C'est l'endroit où l'on procédait au "ginning", c'est à dire l'égrenage du coton (la séparation des filaments blancs, la fleur de coton, du reste de la tige), par le biais de machines encore en place dans cette grange. Après l'égrenage, le coton était ensuite très fortement compacté en ballot par une impressionnante presse hydraulique de marque Continental, avant d'être expédié sur les bateaux à vapeur.
Après "Magnolia plantation", nous remontons la rive occidentale du lac de la rivière aux Cannes. Nous passons alors devant l'église que nous avait conseillés de visiter la dame de l'office du tourisme de Natchitoches mais nous ne nous y arrêtons pas (c'est une église, rutilante, la messe vient de se finir et le curé en soutane se promène encore devant l'église). Nous rejoignons alors "Melrose plantation" où nous arrivons à midi et demie. Cette plantation est privée, la visite n'est donc pas gratuite : 5$, par personne, pour les jardins ou 10 $ pour la visite guidée du manoir. Après avoir pique-niqué sur le parking, nous choisissons la seconde option. Nous ne sommes que deux avec le guide pour cette très intéressante visite, en anglais (ce qui ne pose pas de problème car le guide n'a pas d'accent marquant et parle lentement ; il était juste déçu que nous ne posions pas de question mais nous étions déjà bien content de comprendre tout ce qu'il expliquait).
La plantation Melrose était un lieu d'accueil pour différents artistes. Ils pouvaient y rester tant qu'ils produisaient (un écrivain, venu pour un dîner, y est finalement resté deux ans). La visite s'articule donc principalement autour de Clementine Hunter, une artiste peintre qui réalisa des œuvres dans le style naïf. Après avoir travaillé dans la plantation en tant qu'ouvrière agricole, elle commença à peindre à l’âge de 53 ans et ce, jusque 15 jours avant sa mort à 102 ans. Nous découvrons des reproductions de ses peintures au premier étage de l'"African house" : elle peignait la vie dans la plantation, le travail agricole, la récolte du coton. Les hommes étaient représentés en tout petit dans ses peintures, bien plus petit que les femmes alors qu'elle se représentait en géante. Les anges qu'elles peignaient, avait les cheveux tendus vers le haut : pour Clementine, en tombant du ciel, on a forcément les cheveux au vent, donc vers le haut (ce qui est tout à fait logique). Sa signature a énormément changé au cours des années, les simples initiales "CH" de ses débuts, se sont ensuite imbriquées l'une dans l'autre. L'aspect très sombre de ses toutes dernières œuvres est assez marquant.
Nous apprenons aussi des choses plus anecdotiques comme la hauteur des lits (équipés d'un rouleau pour aplatir les matelas en mousse espagnole) : ceux-ci étaient très hauts (il fallait un escabeau pour y monter) pour que le haut du matelas soit à hauteur de fenêtre, pour pouvoir profiter des courants d'air lors des chaudes nuits d'été. Le manoir est en fait composé de 4 parties : le centre, la maison originale de style créole, auquel deux garçonnières ont été ajoutées de chaque côté et à l'arrière, une autre maison, qui avait été construite dans la région, a été déplacé et raccroché à la maison originale pour servir d'appartements à Clementine Hunter. Au rez-de-chaussée du manoir, le guide nous fait remarquer des traces d'une inondation : c'était avant que la rivière aux Cannes soit transformée en lac. La visite guidée se termine sous les deux chênes enlacées à l’arrière du manoir, et ne semblant plus en former qu'un seul, gigantesque. Nous pouvons ensuite refaire un tour des jardins pour photographier le manoir et ses dépendances comme la "Yucca house".