Mardi 15 novembre : (suite)
La plantation possède 22 cabanes d’esclaves, toutes construites sur le même plan prôné par le code noir (recueil d’édits, centré autour de l’édit royal de 1685, régissant l'esclavage dans les colonies françaises, donc en Louisiane ; on retrouve ce plan dans toutes les cabanes d’esclaves de toutes les plantations de Louisiane), où s’entassait une centaine d’esclaves qui représentaient une grande partie du capital financier de la plantation. Devant la première cabane, une reproduction d’un acte notarié (rédigé en français) recense les noms des esclaves de la plantation avec leurs valeurs et leurs descriptifs, un peu comme s’il s’agissait de bétail ou de meubles. Certes, l’esclavage n’a pas été inventé par les Européens ou les Américains au XVIIème siècle, cette pratique existe depuis que des civilisations sont apparues, les Egyptiens ou les Romains utilisaient des esclaves (c’est l’argument majeur de ceux qui veulent dédouaner les Européens et Américains de l’esclavage). Mais ce sont bien ces derniers qui ont industrialisé cette pratique, pour obtenir de la main d’œuvre quasi-gratuite dans les plantations, en déportant massivement des dizaines de millions d’Africains. Et les millions de morts de cette traite négrière à grande échelle (ceux qui sont morts pendant leur capture en Afrique, ceux morts dans les cales des navires négriers durant la traversée de l’Atlantique ou ceux qui sont morts en tentant de s’enfuir des plantations) constitue bien un génocide, un véritable crime contre l’humanité ! Ce n’est bien évidemment pas une raison pour que des personnes de notre génération se sentent responsables, nous n’y sommes pour rien, mais évitons tout de même de trouver des excuses à ceux qui ont fait fortunes en profitant de l’esclavage (du genre, ils étaient obligés d’avoir des esclaves pout être compétitifs par rapport aux plantations qui exploitaient des esclaves). Ces somptueuses habitations font aujourd’hui partie du patrimoine historique de l’humanité (même si aucune n’est classée à l’Unesco, mais elles pourraient y être), c’est un fait, mais n’oublions pas d’où viennent les richesses (et la main d’œuvre) qui ont permis de les construire !
La visite d’"Evergreen plantation" se finit à 3 heures et demie. Nous avons presque le temps de faire la visite de "Laura plantation" (dernière visite à 16 heures) mais il devrait faire meilleur demain et nous risquons de ne plus savoir quoi faire demain. Nous rejoignons donc l’hôtel "Confort Inn" de Donaldsonville, situé à proximité d’un grand pont qui traverse le Mississippi, dans une zone d’activité où sont regroupés d’autres hôtels, des stations essence et des fast-foods.
La chambre est grande mais située tout au bout d’un long couloir glacé : la climatisation est poussée à mort dans ce couloir, c’est une horreur, il faut nous habiller "grand froid" pour le traverser. La fenêtre de la chambre donne sur une raffinerie de pétrole, c’est loin d’être charmant mais, de nuit, avec toutes les lumières allumées, c’est assez joli .
Comme nous avons eu du mal à trouver de quoi manger ce midi, nous décidons d’aller faire des courses pour pique-niquer les midis, dans un grand supermarché à l’entrée de Donaldsonville, un Walmart. Les assiettes en plastique sont vendues par lots de 300 (même si nous finissons par trouver un paquet avec un nombre bien plus raisonnable d’assiettes) mais ce n’est qu’un exemple car beaucoup de produits sont vendus en très grande quantité ou en grand volume ! Nous sommes dans un magasin "Buy Large", Wall-E est en train d’œuvrer à l’arrière du magasin... On peut comprendre que les Américains ont des grandes familles mais, quand-même, des lots de 300 assiettes, ça doit générer énormément de gâchis ? Quoiqu’il en soit, nous trouvons des myrtilles fraîches, du yaourt grec (en grand pot), de tranches de dinde fumée, etc... Pour le soir, plutôt qu’aller manger dans une chaîne de restaurants insipides (vu l’aspect "industries pétrochimiques" de Donaldsonville, nous aurons certainement du mal à trouver mieux et ça ne nous fera pas de mal de passer une soirée tranquille après l’agitation de la Nouvelle-Orléans), nous décidons de prendre une pizza à emporter (au pire, il y a un micro-onde dans le chambre pour la réchauffer car le couloir glacée risque de la refroidir), avec une bouteille de vin blanc de Californie (malgré nos âges, bien éloignés des 21 ans, la caissière nous a demandé une pièce d’identité pour vérifier notre âge), que nous mangerons dans la chambre, devant un "Star Wars" à la télé, avec Luke et son "lightsaber" (franchement, en français, une sabre laser, ça fait quand même bien mieux ).
Météo de la journée :
Grand ciel bleu le matin, puis ça s'est couvert un peu en fin de matinée. Couvert en début d'après-midi et découvert le soir, avec un beau coucher de soleil.