Mardi 15 novembre : (suite)
Le soir, Christophe a compris pourquoi maps.me voulait nous faire passer par là : cette application voulait prendre un bac qui n'est plus en service depuis le 31 juillet 2013, il y a plus de 3 ans, c’est un gros problème de mise à jour de la carte que nous avions pourtant téléchargée juste avant le départ ; en pratique, nous aurions dû préparer le trajet au préalable et traverser le Mississippi sur un véritable pont, peu après l’aéroport international de la Nouvelle-Orléans, pour rejoindre au plus vite sur la rive droite du fleuve.
Après 20 km de détour pour traverser le Mississippi à Wallace et revenir à Edgard, nous arrivons à l'"Evergreen plantation" à midi passé de 5 minutes. C'est donc trop tard pour la visite. La dame de l'accueil nous dit de revenir vers 2 heures moins le quart. Nous nous mettons alors en quête d'un endroit où nous pourrions trouver de la nourriture. Nous poussons donc jusqu'au centre du village d'Edgar... Bien mal nous a pris car il n'y a là qu'une église au milieu d'habitations qui sont en majorité des mobile-homes en état de délabrement avancé. Nous tentons un peu plus loin. Nous croisons d'autres églises, tous les 2 km, mais aussi des banques, imposantes (on dirait des gros blockhaus), ou des casinos, mais pas l'ombre d'un restaurant ou d'une superette dans les parages. Anne-Marie fait alors emprunter à Christophe une route qui s’éloigne du Mississippi en traversant d'immenses champs de cannes à sucre. Nous finissons par trouver une petite station-essence, perdue au milieu des champs, mais nous n'y trouvons que des conneries à manger (et aucune carte routière) : des chips, d’autres chips, de la viande séchée, des sandwiches tout faits et des sodas. Nous n'avons pas l'embarras du choix, nous prenons donc des chips et de la viande séchée. Le repas est super-light et bien équilibré (remarque ironique).
Nous sommes de retour à l’"Evergreen plantation" à 2 heures moins le quart. La dame de l'accueil (différente de celle de ce matin) nous dit alors que la visite n'aura peut-être pas lieu car il menace de pleuvoir. D'accord, des nuages sont arrivés bien en nombre depuis ce matin mais le risque de pluie semble faible. En plus "Weather Underground", un site météo relativement fiable, n'en annonce pas. Heureusement, à 14 heures, les gros nuages ont commencé à repartir, la visite a bien lieu, pour seulement 4 personnes. L’accueil touristique de la plantation n’est pas situé à proximité de l’habitation principale, nous reprenons donc la voiture pour suivre la dame de l'accueil qui s’est transformée en guide après avoir fermé l’accueil (c’est la dernière visite de la journée).
Après avoir remonté une grande allée de chênes de 200 ans d’âge, des "quercus virginiana" qui ressemblent aux chênes que nous connaissons en Europe mais dotés de feuilles persistantes, nous nous garons à proximité de l’habitation principale, celle qui a servi aux extérieurs du film "Django Unchained" (d’où le pourquoi de la visite de cette plantation, bien qu’étant en dehors des circuits touristiques traditionnels et non mentionnée dans le Guide du Routard). Par contre, bizarrement, nous n’avons pas le droit de filmer alors que l’on voit la plantation sous toutes ses coutures, ou presque, dans le film de Quentin Tarantino. Nous avons cependant le droit de faire des photos de l’extérieur mais pas de l’intérieur, ce qui peut se comprendre pour diverses raisons. Cela permet donc à un des Américains qui fait la visite avec nous, de filmer en toute impunité les lieux avec son smartphone (engin où il est difficile de savoir quel mode de prise de vue est sélectionné, sauf que si on observe un tant soit peu la manière dont il est utilisé : on ne prend pas une photo comme on filme).
Les dépendances sont disposées de manière symétrique autour du jardin à la française situé derrière l’habitation principale, les cuisines d’un côté (les cuisines n’étaient pas dans l’habitation principale pour éviter les incendies) et le pigeonnier de l’autre. A l’origine, il s’agissait d’une habitation de style créole mais celle-ci a été modifié en style "greek revival" par l’adjonction de colonnes et d’un impressionnant double escalier en façade, et d’une extension à l’arrière. Après la visite de la cuisine et de l’habitation principale, nous nous rendons près des cabanes d’esclaves situées au bout d’une petite allée de chênes couverts de mousse espagnole. Cette mousse qui pend des branches des chênes n’en est pas une, c’est une plante qui ne parasite en aucun cas l’arbre porteur. Elle a juste besoin d’un support aérien pour pousser, un fil électrique suffit ! Au temps des plantations, cette mousse était séchée avant de servir au bourrage des matelas qu’il fallait régulièrement passer au rouleau à pâtisserie géant, pour la décompacter.