Vendredi 31 janvier : (suite)
Après la visite du cimetière, la guide nous conduit à un taxi qui nous ramène à notre hôtel. Nous laissons nos sacs photo dans la chambre avant de reprendre aussitôt la direction du restaurant la Cabrera que nous a conseillé Marc "Korke" hier au soir. Enfin, presque aussitôt car Anne-Marie, désorientée par la disposition des rues de Buenos Aires et très impatiente d’aller manger de la bonne viande argentine, nous fait prendre par deux fois de suite la mauvaise direction, sans attendre que Christophe nous repère sur le plan pour nous remettre dans la bonne direction.
Finalement après une quinzaine de minutes de marche, nous arrivons devant le restaurant qui fait un peu chic. A midi, il n’y a pas besoin de réserver, un serveur (en casquette et grand tablier noir, comme la plupart des serveurs dans les restaurants argentins) nous trouve aussitôt une table. Le choix de viande (de bœuf) est impressionnant. Il y a même un "bife de chorizo" de 800 grammes ! Anne-Marie choisit un "bife de chorizo" de seulement 400 gr (c’est plus raisonnable et déjà largement suffisant) et Christophe choisit ce dont il avait raffolé en 1991 : le "bife de chorizo" (de 400 gr) avec une sauce au roquefort. Quand Christophe dit que nous venons de Toulouse, près de la région française de production du roquefort, le serveur ne semble pas comprendre. A priori, le roquefort argentin (qui a le même goût de roquefort aveyronnais) n’a aucun lien avec la France (le mystère du roquefort argentin reste donc entier ; cela dit, en 1991, on retrouvait la sauce au roquefort partout, que ce soit avec de la viande, des pâtes ou du poisson, alors aujourd’hui, cette sauce a largement disparu des cartes des restaurants argentins).
Comme il fait chaud et que nous avons très soif, nous commandons une grande bouteille d’"aqua con gaz" et le serveur nous recommande de prendre une bouteille de 500 cl de vin, du malbec bien évidemment, au lieu de deux verres qui nous auraient coûté plus cher (ce qui revenait à la même quantité de vin). Il nous ramène alors une bouteille de "Fond de Cave" comme le mentionne l’étiquette, du malbec de 2012, un peu jeune mais vraiment pas mauvais du tout (il allait très bien avec la viande).
Le serveur arrive ensuite avec une grande planche où sont posés des petits pots de condiments et de petites préparations à base de légumes. Nous ne savons pas si ce sont les accompagnements de la viande, ou pas, et nous en choisissons un peu trop (nous aurons du mal à les finir) : tomate-fromage, purée de brocolis à l’ail, petit maïs, artichauts, salade... Mais quand la viande arrive, servie sur une plaque de fonte posée sur une planche en bois, il y a de nouveau des petits pots d’accompagnements : compote de pommes aux noix, purée de citrouille (ou peut-être potimarron), gousses d’ail confites (très bons, mais aux effets secondaires redoutables, Anne-Marie a eu des renvois d’ail toute la journée), etc... Il y a aussi une cassolette de gratin de courgettes au fromage, avec un petit pot de sauce à l’échalote (dont le goût ressemble à une sauce béarnaise).
Mais, nous sommes bien dans un restaurant carnivore, pourquoi alors tant parler de légumes ? Parce que ces accompagnements étaient très bons ! Mais, la viande n’était pas bonne ? Bien, au contraire ! La viande était même excellente : un des meilleurs morceaux de viande que nous ayons mangés depuis des lustres ! 400 grammes de bœuf savoureux, un morceau de 4 centimètres d’épaisseur, de 15 centimètres de long et de 6 centimètres de large, certes bordé d’un petit centimètre de gras sur le côté mais c’est justement, ce morceau de gras, sur lequel a grillé la viande, qui lui donne tout son goût extraordinaire ! C’est un pur bonheur, la viande est fondante et saignante à souhait (ils savent la cuire saignante à la Cabrera), un délice absolu ! Avec la sauce au roquefort ou celle à l’échalote, c’est divin, le meilleur moment de la journée ! Oui, que de points d’exclamation, mais pour des carnivores comme nous, c’est vraiment une expérience hors du commun.
Le serveur nous force un peu la main pour que nous prenions un dessert alors que nous sommes déjà gavés comme des canards gras (nous n’allons tout de même pas renier la gastronomie du sud-ouest de la France, un bon magret de canard, avec une sauce au roquefort aveyronnais, c’est aussi très bon !). Nous finissons par choisir deux flans de la maison, avec du "dulce de leche", mais le serveur ne tarde pas à revenir : vu la grosseur du dessert, un seul pour deux suffira ! En effet, c’est une énorme part de flan aux œufs, de quoi rassasier 4 personnes, accompagnée de 3 énormes crottes de "dulce de leche" (la confiture de lait est très bonne mais sa présentation, en forme de crotte de chien, est un peu surprenante ).