Mardi 7 mai : (suite)
Tiens, Alessandro VI, le pape qui avait remis au goût du jour le culte de Bacchus et Venus (franchement, les monothéistes sont ennuyeux : souffrance, mort, martyre, il n'y a que ça qui les intéressent ! Bacchus ou Vénus, ça a quand même plus de gueule, non ?), est passé dans les parages pour mettre ses miches à l'abri. Il faut dire que les papes, souvent issus de puissantes familles, ont surtout représenté un pouvoir politique pour Rome et une partie de l'Europe (d'où l'utilisation du château comme prison politique), avant même un pouvoir spirituel. Et comme tout pouvoir, il était convoité : guerre, trahison, meurtre... D'où cette forteresse et le passage fortifié qui le reliait directement à la cité du Vatican ! Cela dit, la partie la plus intéressante de la visite est bien la terrasse au sommet du château. Elle offre une vue magnifique sur la ville, la place et la basilique St Pierre. Ca aurait été formidable si à cet instant là, nous n’avions pas reçu les premières gouttes de pluie. Nous essayons d'observer le mouvement des nuages, il y a une belle éclaircie au loin mais elle ne vient pas vers nous. Nous attendons une bonne vingtaine de minutes avant de prendre la décision de quitter le château, la pluie tombe maintenant à très grosses gouttes.
En quittant le mausolée, nous traversons le pont Sant'Angelo et nous poussons jusqu'à la "piazza della Chiesa Nuova". Nous essayons alors de retrouver la place Navona. Aujourd'hui, c'est Anne-Marie qui guide. Nous repassons donc plusieurs fois aux mêmes endroits, en particulier devant la "gelateria del Teatro" (dont une vitrine donne sur le laboratoire de préparation des glaces). Par contre, sous la pluie battante, nous n'avons pas spécialement envie d'une glace, il nous faudra y revenir. Le quartier est assez sympathique, des petites ruelles avec des boutiques d'antiquaire, mais c'est aussi un véritable labyrinthe. "Via della Pace", nous nous arrêtons au café de la paix pour écrire les cartes postales (il s'est aussi arrêté de pleuvoir). Nous surnommons Rome :"Smart Town" ! Pas que nous pensions que cette ville est plus intelligente qu'une autre, mais parce que la Smart, la voiture à deux places, est celle que l'on croise le plus dans les rues de Rome. Elle se faufile partout et se gare n'importe où et n'importe comment. D'ailleurs, l'une d'elle n'aurait peut-être pas dû se garer derrière ce camion de livraison. En reculant, le chauffeur l'emboutit !
Une barre à l'arrière du camion a laissé une belle marque dans le capot. Le chauffeur descend pour vérifier les dégâts et s'en va ! Il va être content le (ou la) propriétaire quand il va retrouver sa voiture (cela dit, s'il ne s'était pas garé n'importe comment, ça ne lui serait pas arrivé).
Après avoir écrit nos cartes, nous prenons la direction de la place Navona toute proche (nous avons quand même ouvert la carte pour regarder) mais au premier croisement, nous nous trompons et quelques instants plus tard, sans jamais revenir sur nos pas, nous voilà à nouveau devant le café que nous venons de quitter. En fait, il suffit d'aller tout droit pour trouver la place Navona. La pluie s'est malheureusement remise à tomber. Cela dit, comme cela, il y a beaucoup moins de touristes sur la place. Par contre, cela veut aussi dire que l'on ne peut pas pique-niquer. Nous repartons donc au hasard des ruelles du quartier, pour nous éloigner un peu de la place et de ces restaurants chics. Ce matin, nous sommes passés plusieurs fois devant une pizzeria où ils mettaient en route le four à bois, la "trattoria dal Paino" ("via di Parione"). Nous repassons justement (par hasard) devant, ça nous semble bien (s'ils s'ennuient à utiliser un four à bois, il n'y a pas de raison qu'ils massacrent les pizzas). L'accueil est chaleureux, le serveur nous conseille de prendre une table de 4 pour avoir deux chaises pour nos sacs à dos trempés et nos cirés dégoulinants. Christophe commande une pizza au prosciutto et le serveur conseille à Anne-Marie de prendre une pizza style 4 saisons (champignons, artichaut, œuf...). En fait, elles ne sont pas mauvaises du tout avec une pâte toute fine et celle d'Anne-Marie est particulièrement bien garnie (18 euros pour les deux pizzas, c'est aussi très raisonnable). Nous prenons un petit dessert pour nous remonter le moral (trois jours de pluie). Nous commandons deux panna cotta au chocolat, c'est à dire avec une cuillère de Nutella au dessus. Nous nous posons la question sur l'origine du Nutella : Anne-Marie croie que c'est français, mais Christophe penche pour l'Allemagne (car associée à "Kinder Bueno"). En fait, tous ces produits sont d'origine italienne, c'est le groupe Ferrero qui les fabriquent (Anne-Marie est rassurée : un produit alimentaire d'origine italienne a beaucoup plus de prestige qu'un produit d'origine teutone ; la saucisse de Francfort, hein ? D'accord !). Pour le détail amusant, les noisettes ont été introduites dans la recette de la pâte à tartiner pour des raisons économiques : après la seconde guerre mondiale, les noisettes qui poussaient en abondance dans le Piémont (italien) étaient beaucoup moins chers que les fèves de cacao !