Mercredi 29 août : (suite)
Dès que nous sortons de la ville, nous nous arrêtons sur le bas-côté pour ranger au calme la viande dans le frigo. Et là, sortis d'on ne sait où, quatre gamins arrivent pour nous demander de l'argent. Ils ont même un cahier où sont notés les dons des généreux donateurs (10 ou 20 cents). Nous ne comprenons pas vraiment à quoi pourra servir cet argent (pour l'école semble-t-il) et nous ne donnons donc rien pour éviter développer de telles pratiques proches de la mendicité ou de la petite escroquerie (nous sommes généreux avec les pourboires mais des pingres de la pire espèce pour les mendiants).
Nous continuons ensuite la route vers le nord, histoire de trouver une aire de pique-nique bien à l'écart, ce que nous finissons par trouver après Oshakati (où nous sommes tombés sur un très gros bouchon occasionné par la foire locale au style très européen). Nous mangeons sur le pouce les deux cuisses de poulet qu'Anne-Marie avait achetées au supermarché (pour nous changer un peu des sandwichs) car nous sommes un peu à la bourre avec le fusible ce matin, nos passages aux points d'eau d'Etosha avant de quitter le parc et le bouchon. En plus, d'après le carnet de voyage de Madiza, nous avons devant nous aussi 45 km de très mauvaise piste à faire (le temps de route est estimé à deux heures), nous finissons donc de manger le paquet de chips tout en roulant.
Moins d'une dizaine de kilomètres avec Ruacana, nous roulons encore sur un plateau à 1.100 mètres d'altitude mais la route descend subitement pour rejoindre le lit de la rivière Kunene, à environ 800 mètres d'altitude. A trois heures un quart, nous sommes arrivés à Ruacana et nous découvrons alors la piste que nous devons emprunter : c'est celle qui remonte tout droit la montagne en face de nous, un cauchemar ! Si tout le reste de la piste et comme cela, il nous faudra bien plus de 2 heures de route, nous risquons d'arriver de nuit. Nous faisons donc sauter le petit détour possible par les chutes de Ruacana, il faut d'abord penser aux choses sérieuses.
La pente de la piste est donc vraiment très importante et au premier obstacle (un gros trou barrant toute la piste) qui nous oblige de ralentir, nous calons (nous sommes déjà en première). Impossible de redémarrer, le moteur cale dès que Christophe relâche un peu la pédale d'embrayage. Il n'y a plus qu'une solution : engager le "low range", les rapports courts de la boîte de vitesse !
Et là, miracle, ça repart, tout lentement, mais ça repart sûrement. Christophe n'en revient pas. Une fois l'obstacle passé, Christophe repasse en 4x2 pour éviter de faire souffrir la mécanique.
Mais 100 mètres plus loin, dans un virage presque en épingle, avec un ravin profond sur la droite, la piste est de nouveau défoncée de toute part. La profondeur des trous barrant la piste sur toute sa largeur est vraiment très importante. Anne-Marie pense que Christophe ne va pas oser passer mais elle ne dit rien. Si nous n'arrivons pas à passer, il nous faudra faire un détour de plus de 315 km comme le réclame le GPS depuis de début.
Il n'y a donc qu'une solution : passer à nouveau en "low range" et fermer les yeux ! Il faut croire que nous l'avons réellement fait car après coup, nous ne nous rappelons plus comment nous sommes passés mais pourtant, nous sommes bien arrivés à franchir cet obstacle qui paraissait insurmontable. Les pneus sont passés sans déraper et forcément si les pneus sont passés, la cabine est restée sur les pneus ! Nous avons été un peu secoués mais c'est passé les doigts dans le nez. Christophe n'en revient pas lui-même de l'avoir fait.
Heureusement après ce passage périlleux, la route redescend tout doucement pour rejoindre à nouveau les rives de la rivière Kunene. Comme nous ne savons pas ce qui nous attend pour la suite, nous ne nous arrêtons pas pour photographier les beaux arbres bouteilles en fleur (avec des petites fleurs blanches au bout des branches dénudées) mais nous aurions dû car quand nous avons été rassurés sur l'état de la piste, il n'y avait plus d'arbre bouteille.
En fait, la piste devient meilleure par la suite. Sur les premiers kilomètres, on joue un peu aux montagnes russes, ça monte sec et ça redescend sec, mais en ligne droite et avec une pente beaucoup moins importante qu'à la sortie de Ruacana. Nous passons aussi notre premier gué. Par précaution, avant de se retrouver enlisé au milieu de l'eau, Christophe repasse en "low range" mais finalement, juste le mode 4x4 aurait dû suffire.
Quand les montagnes russes se finissent, la piste devient alors un chemin ensablé, serpentant entre les arbres sur la rive de la rivière Kunene, ça passe sans problème, tout en douceur à 30 km/h ! C'est même agréable de conduire sur cette piste car le sable gomme les aspérités. Juste avant un gué, nous croisons alors notre première femme Himba, vêtue de manière traditionnelle.