Mardi 16 août : (suite)

En continuant vers le lac Ciginovac, Anne-Marie se fait enguirlander par un Allemand (il parlait allemand en tous cas). Il faut dire que cet olibrius s'arrêtait toutes les 30 secondes pour prendre ses rejetons en photo à peu près devant n'importe quoi. C'était un peu fatiguant et en essayant de passer devant eux, le Teuton a émis un large mécontentement car il fallait faire attention aux enfants (ce n'était pas grave, même si on en faisait tomber un à l'eau, il avait assez de photos pour s'en souvenir ? Je tiens à noter que c'est de l'humour, noir, nous n'avions bien évidemment aucune intention de faire tomber qui que ce soit et le sentier était assez large pour passer sans souci). Cette forte densité de visiteurs au centimètre carré est quand-même est peu énervante à Plitvice.

Arrivé au point le plus au sud des lacs (enfin, sur la rive nord du lac Prošćansko, il est possible de continuer plus au sud), nous nous arrêtons à la cafétéria du point ST-4 pour manger un hamburger au pain (si, si, le pain était très présent dans le sandwich et la viande assez peu épaisse et très cuite car les steaks hachés sont cuits en grande quantité à la chaîne ; l'avantage, c'est que l'on est vite servi malgré l'affluence de clients à midi), suivi d'une petite sieste sur le gazon devant le restaurant.

Lorsqu'une nouvelle éclaircie pointe son nez, nous repartons à l'assaut des passerelles serpentant entre les lacs supérieurs. C'est vraiment le matin que la lumière est la meilleure pour les cascades des lacs supérieurs, mais ça ne gène personne pour prendre des photos ensuite. Nous n'avons entendu qu'un Italien remarquer que c'était à contre-jour. Les Allemands (toujours d'un point de vue statistique) semblent faire confiance à leurs gros reflex, avec une grosse poignée d'alimentation et un gros flash cobra, pour prendre en photo des cascades à plus de 100 mètres en contre-jour (il faut dire qu'avec un pape allemand, ils doivent croire au miracle ). Il faut donc prévoir deux matinées (avant 10h30, cela va sans dire) consacrées aux lacs inférieurs (par le haut du canyon et le bas du canyon) et une matinée consacrée aux lacs supérieurs pour profiter pleinement des lacs de Plitvice.

Nous retournons jusqu'au pied de la "cascade des couillons qui posent dessous" sur le lac Gradinsko. Peine perdue, les Helmuts et les Bertas se succèdent sans moment de répit sous la cascade. Au détour des lacs, nous nous arrêtons quelques instants sur un banc et nous observons alors les poses prises devant une cascade : avec une jambe relevée en arrière ou pas, seul ou en couple, les photographiés ont beaucoup d'imagination. Nous décernons le premier prix d'originalité à une famille dont le père de famille a demandé à sa fille de poser en mettant en évidence une biscote tenue à la main ! Intéressant n'est-ce pas ? Christophe a bien envie de sortir l'appareil pour photographier les poses les plus originales (voir les plus ridicules), cela serait un jeu très amusant mais Anne-Marie n'y tient pas. Elle venait pourtant d'inventer un jeu tout aussi moqueur : deviner la nationalité des personnes qui arrivent en face de nous. Pour gagner, il fallait dire de qui il s'agissait avant d'entendre la langue de la personne. Pour être discret (il y a aussi des Français dans les parages), nous avions convenu d'un code : "Fiat" pour les Italiens, "Audi" pour les Allemands, "Lada" pour les pays de l'est, "Renault" pour les Français, etc, etc... Il faut avouer que c'était facile pour les Italiens car sans même entendre le son de leur voix, on les entendait déjà parler avec les mains (ça fait très cliché, on sait, mais c'était pourtant le cas). Malheureusement, nous ne sommes pourtant pas arrivés à deviner la nationalité d'un homme tout de blanc vêtu, costume blanc et chaussures de ville blanches. Russe peut-être ? Nous ne le saurons jamais mais ces vêtements étaient assez inattendus dans un parc national.

Pour repartir vers les lacs inférieurs, nous comptons prendre la navette routière, un camion avec deux remorques équipés pour le transport de voyageurs. Nous devons revenir jusqu'au point ST-4 pour monter dans la navette car le point ST-3 semble fermé. Par malheur, nous nous asseyons tout au fond de la dernière remorque, le trajet est donc très secoué et nous sommes à la limite de rendre l'hamburger de midi. Au point ST-1, la sortie de la remorque est assez difficile car les gens se sont agglutinés devant la porte laissant à peine le passage. De la discipline que diable ! Et que personne nous dise que les Allemands sont disciplinés car statistiquement, ils représentent 50 % des malotrus qui nous empêchent de sortir. Même si c'est un camion Mercédès et que l'on peut comprendre qu'ils soient pressés de monter à bord pour profiter de la "Deutsche Qualität", ça n'excuse pas tout ! Cela dit dans les malotrus, il y a aussi forcément des Français et des Italiens, mais là, on est habitué de leur indiscipline.