Les cascades séparant le lac Gavanovac (amont)
et le lac Kaluđerovac (aval)
Lundi 15 août : Bleu d'enfer de Plitvice !
Nous nous réveillons à 6h45, histoire de déjeuner et refaire les sacs. A 7h30, les sacs sont déjà dans la voiture, nous n'avons plus qu'à attendre que la réception ouvre à 8 heures pour rendre les clefs de l'appartement. Ce sont ensuite nos premiers vrais kilomètres sur les routes croates. Nous redoutions une conduite très artistique mais les conducteurs sont plutôt calmes. Il faut dire qu'en ce lundi 15 août, la présence policière au bord des routes est assez forte, la vitesse est surveillée de près.
En arrivant vers les lacs de Plitvice, nous traversons des villages où quelques maisons abandonnées sont criblées de balles. Les autres ont toutes leurs façades refaites. Cela rappelle malheureusement l'histoire récente de la Croatie. Dire que 4 millions d'années après Lucy, l'Homme est toujours capable du pire.
A 10 heures du matin, nous garons la voiture sur le parking de l'entrée n° 1 du parc national de Plitvice. Il y a déjà une belle queue devant les guichets du parc. Une chose est certaine : nous n'allons pas être seuls ! Il y a des Français (qui se manifestent par une blague à deux balles en nous entendant parler français), des Allemands, des Italiens mais aussi des Croates qui profitent du jour férié. Heureusement, dès que nous apercevons les premiers lacs au fond du canyon, lacs aux eaux d'un bleu irréel, ça fait un peu oublier tout ce monde, un peu...
Nous descendons alors au fond du canyon pour rejoindre le pied de la plus grande cascade de Croatie, formée par la rivière Plivica. Quand nous arrivons sur les rives du lac Kaluđerovac, nous sommes surpris par la clarté de l'eau. Les poissons, en nombre près des rives où passent les touristes, semblent voler. Les canards semblent eux léviter à la surface de l'eau, on distingue clairement leurs pattes palmées se mouvoir sous eux. Au pied de la cascade, c'est un peu l'enfer : chaque visiteur prend la pose devant pour se faire prendre en photo. Inutile d'espérer un moment de répit, le flot est constant. Sitôt que l'un a fait un beau sourire sur la photo, un autre prend immédiatement la place. Nous décidons alors d'emprunter l'escalier menant à un point de vue au dessus de la chute. En fait, le plus beau point de vue se situe seulement à quelques dizaines de marches du début de l'escalier, on distingue alors moins les individus posant devant la cascade. Tout en haut, la cascade est comme écrasée, c'est moins intéressant.
Nous observons ensuite un comportement photographique étrange : un monsieur, que nous nommerons Helmut car il y a statistiquement une chance sur deux que ce soit un Allemand, prend en photo sa femme, Berta, sur (presque) toutes les marches de l'escalier. Cela a même commencé dans le petit tunnel qui passe à travers la roche. Etrange, étrange ! Nous plaignons les amis d'Helmut et Berta qui vont subir le diaporama de leurs vacances : "Là, c'est Berta sur la marche n° 126 ! Là, c'est Berta sur la marche n° 127 ! Là, c'est Berta sur la marche n° 128...". On peut d'ailleurs noter que la vue d'une grotte déclenche un reflexe quasi-instantanée chez l'"homo photographus vulgarus", en envoyant sa famille poser à l'intérieur de la grotte. Après quelques centaines de milliers d'années, l'homme moderne se souvient toujours que c'était son habitat primitif, c'est la seule explication possible à cette débauche photographique cavernicole !
Après être redescendu du point de vue, nous empruntons la rive occidentale du lac Kaluđerovac. Nous continuons sur la passerelle qui passe au pied des "grandes cascades" séparant ce lac avec le lac Gavanovac. Revenu sur la rive orientale du canyon, nous bifurquons à gauche pour monter dans une grotte à flanc de canyon, où nous espérons avoir un point de vue sur les lacs. En fait, la grotte est aussi un gouffre, un escalier permet de revenir sur le haut du canyon. Du dessus de la falaise, la vue sur les lacs est exceptionnelle (c'est aussi l'une des vues emblématiques du parc).