Mercredi 23 mars : (suite)
Nous aurions pu aussi tenter de monter à la première chute, mais les nuages étaient déjà trop bas pour se lancer dans ce long périple (on aurait fini dans le brouillard sans rien voir). De retour au point de vue près de l’accueil, le haut de la seconde chute est derrière les nuages.
Du coup, nous retournons vers Baillif pour visiter la distillerie Bologne. Quand nous arrivons à 10h20, la prochaine visite est à 11 heures du matin (5,60 euros par personne quand-même), nous attendons donc. La visite guidée commence par une explication sur la fabrication du rhum agricole : en résumé (ce que nos papilles expertes dans ce domaine confirment elles aussi), le rhum antillais (et donc, en particulier le rhum Bologne) est le meilleur, le reste, c’est de la pisse de chat ! En version longue, ça donne : le rhum agricole (antillais) est fabriqué directement à partir de la canne, il a donc tous les aromes fruités de la canne. Les autres liquides sont fabriqués avec les résidus de la fabrication du sucre de canne, on obtient donc un alcool sans grande saveur.
Pour notre plus grande chance, la période de coupe de la canne se fait pendant la saison sèche, pour avoir une canne la plus sèche possible. La distillerie tourne donc à fond. Les camions et tracteurs ramènent la canne coupée manuellement ou mécaniquement et celle-ci est aussitôt broyée. Le jus est alors filtré et mis deux jours en fermentation dans l’usine même (près des alambics, donc bien au chaud), puis distillé (63° en sortie d’alambic). Le rhum est alors mis au repos pour permettre l’évaporation des mauvais alcools, puis mis en bouteille (ou cubi) dans l’usine même. Pour tout ça, l’usine est, énergétiquement, complètement indépendante. Après extraction du jus, la bagasse (la fibre de la canne) est brulée pour fabriquer de la vapeur qui sert à faire fonctionner toute l’usine, soit mécaniquement par un piston à vapeur tout droit sorti du début du siècle dernier, soit par le biais d’une turbine électrique. L’usine produit même plus d’électricité que nécessaire et alimente les alentours. Et comme si ça ne suffisait pas, les résidus de la distillation servent à produire du méthane qui sert à son tour à produire de l’électricité ! Au final, ce qui reste après la méthanisation sert d’engrais dans les champs de canne (et c’est le seul engrais utilisé). Ah, le rhum, quel liquide parfait, même sur le plan écologique ! Bon, dans la chaîne, il manque quand-même le fuel pour les tracteurs.
Et tout ça se passe en direct devant nos yeux, nous avons même pu humer (voir goûter du bout du doigt) ce qui sortait des vieux alambics en cuivre (qui vont à terme être remplacés par des alambics en inox à l’extérieur, parce que le cuivre est maintenant trop cher). La visite se termine par la dégustation : rhum ambré pour Christophe et agricole blanc à 55 ° (le meilleur) pour Anne-Marie. Après la visite, nous tentons de trouver le supermarché Cora de St Claude (histoire de voir si on y trouve plus facilement du jus de fruit Royal). En vain, nous aurions peut-être dû prendre la direction de Gourbeyre.
En plus, avec le temps perdu dans le bouchon à l’entrée de Baillif, nous ne pouvons pas rejoindre Pigeon-Bouillante à temps pour aller manger chez Dada, si bien que nous nous rabattons sur le restaurant "la Grillade" à Marigot. Côté menu : accras moins bon que chez Dada (mais pas mauvais quand-même), brochette de ouassous servie avec de la sauce chien et au choix du riz ou des frites (fausse note). Par contre, il n’y avait absolument pas de fausse note sur les bananes flambées du dessert : les meilleures de Guadeloupe, haut la main ! Côté apéro, pas de fausse note non plus, nous avons pris des planteurs (bien dosé), mais le patron propose aussi des ti’punchs, avec la bouteille de rhum posée sur la table, préparés au choix, avec du sirop de batterie, du miel ou du sucre. Sur le bar, des bocaux renferment une multitude de punchs aux fruits ! C’est donc une bonne adresse, dans un cadre agréable au bord de l’eau. L’addition y est un peu plus salée que chez Dada : 59 euros pour deux repas complets à la carte (qui manque de colombos et autres fricassées mais qui est assez garnie en poissons ou langouste grillée).
Pendant le repas, le patron vient nous avertir qu’il y a une alerte au tsunami, suite à un tremblement de terre qui a eu lieu sur l’île de Montserrat, toute proche. Il nous tiendra au courant de la situation (nous ne nous en faisons pas trop, malgré la proximité de la mer). Le soir, en arrivant au club pour la plongée de nuit, nous apprenons qu’il s’agissait d’un exercice, mais pourtant le danger est bien réel, un pan du volcan de Montserrat menace de s’effondrer dans la mer et en moins de 10 minutes une vague pourrait ravager le littoral guadeloupéen.