Jeudi 28 octobre : (suite)
Alors que nous avions prévu toute la journée pour cette randonnée à la cascade de Tao, nous sommes de retour à la voiture vers 10 heures du matin. Nous cherchons alors une plage pour nous baigner en mer (l'eau y sera peut-être plus chaude). Sauf que, quand il y a du sable, il y a une maison et on ne va pas comme ça, se baigner devant la maison des gens. Sur la carte, Anne-Marie repère une plage près de l'église de Hienghène, derrière le Sphinx. Nous nous y rendons, sauf qu'il n'y a pas de sable, seulement un accès à l'eau et nous n'allons quand-même pas nous mettre en maillot de bain sur la pelouse devant l'église. Anne-Marie a alors une idée soudaine : nous pourrions louer un kayak pour faire le tour de la baie ? Nous passons à la base nautique pour nous renseigner mais celle-ci est fermée. Nous passons alors au syndicat d'initiative où l'on nous donne tous les renseignements : la base ouvre à 14 heures et c'est 2.000 francs CFP pour un kayak biplace pour une heure. Devant le prix, Anne-Marie hésite. C'est vrai que la location de kayak chez "Babou Plongée" est moins chère, sauf qu'ils sont situés à 10 km de Hienghène et que le kayak se pratique alors dans la lagune de Lindéralique, ce qui ne présente pas le même intérêt (la lagune n'est pas si grande que ça).
Comme nous avons le temps avant 14 heures, nous retournons au snack du centre culturel. Nous mangeons sur la grande table avec des Mélanésiens, y compris la cuisinière, avec qui nous discutons. Une dame a du miel de niaouli qu'elle nous fait goûter : c'est très bon, très parfumé. De temps, en temps, ils parlent entre eux dans le dialecte de la région : c'est une langue vraiment toute douce, on dirait qu’ils chuchotent. L'homme qui est à table avec nous, semble être le responsable du centre culturel (et ça devait bien être le directeur du centre culturel, car nous l'avons ensuite reconnu sur une photo des années 1980, aux côtés de Jean-Marie Tjibaou au centre culturel du même nom). Avant que nous repartions, il nous explique comment il a appris à compter quand il était écolier : avec des pommes, fruits qu'il ne connaissait même pas à l'époque. C'est vrai que l'état français n'est pas sans reproche, surtout en Nouvelle-Calédonie. Cela dit, ce nombrilisme peut se ressentir à n'importe quelle échelle : nous qui vivons à Toulouse, avons toujours du mal à comprendre pourquoi le bulletin télévisuel, météorologique et national commence en annonçant du mauvais temps (sous-entendu sur toute la France), alors qu'il va faire beau sur pratiquement toute la France, sauf sur la région parisienne ? Et c'est d'autant plus vexant que le centre national de Météo France est situé à Toulouse.
A 14 heures 10, nous sommes devant la base nautique et à 14 heures 20, nous embarquons sur un kayak biplace. Nous mettons d'abord le cap au vent, direction le point de vue au sud de Hienghène. La vue depuis l'eau vaut bien le petit investissement. L'employé de la base nautique nous a dit qu'il ne fallait pas débarquer sur la plage au pied de la "Poule Couveuse", ni sur le Sphinx (il faut comprendre que c'est tabou). Par contre, nous avons le droit de mettre pied sur la plage de l'îlot de mangrove à droite de la "Poule Couveuse". Nous hissons le kayak sur cette petite plage et Anne-Marie est déjà à l'eau. L'eau est d'une transparence incroyable, on aperçoit nettement les cailloux de calcaire qui recouvrent le fond. Christophe se demande ce que sont ces reflets bleus et noirs dans l'eau. Il pousse un cri quand il réalise que c'est un tricot rayé, un serpent de mer au venin mortel. Quant à Anne-Marie, le serpent lui barre le chemin pour revenir sur la plage. Elle survit néanmoins à l'épreuve et nous observons alors le serpent bouger tout doucement dans l'eau, reprenant par moment sa respiration à la surface.
Du coup, nous n'avons plus vraiment envie de nous baigner. Nous remontons dans le kayak et nous entreprenons de faire le tour, par le lagon, de la "Poule Couveuse". Presque au pied de celle-ci, le rocher prend moins la forme d'une poule, mais cela ne gâche pas l'intérêt de la promenade nautique.
Une heure pile-poil après l'avoir pris, nous rendons le kayak à la base nautique. Nous demandons à l'employé si nous pouvons nous baigner sur la plage devant la base : c'est oui. C'est une belle plage de sable, l'eau n'y est pas aussi transparente qu'à l'îlot de mangrove car les alluvions de la rivière la rendent un peu marron. Mais elle est chaude et dans les vagues, nous avons peu de chance de croiser un tricot rayé (et de toute façon, nous ne l'aurions pas vu).
Après ce bain et une douche au bungalow, nous faisons un petit tour à pied dans Hienghène, le long de la rivière à côté du syndicat d'initiative. La lumière du soir est magnifique. La petite épicerie est ouverte, mais ce n'est qu'une ouverture exceptionnelle, il n'est pourtant que 5 heures de l'après-midi. Sur le journal posé sur le comptoir de l'épicerie, la photo d'"Air Sarko One" stationné à l'aéroport de la Tontouta, est en couverture : ils sont venus faire des tests pour voir si la piscine et le green de golf n'ont pas trop alourdi l'avion et amoindri son rayon d'action ? En tous cas, l'épicière a raison de ne pas travailler plus, pour payer plus cet avion .