Mardi 17 avril : (suite)

Nous randonnons encore pendant un certain temps avant de redescendre auprès d'une grande cascade (sans eau), que nous devinons grâce à la roche à nue. Avant d'être arrivé au fond de la vallée (où des femmes Dzaos attendent le client), nous nous tournons vers notre escorte commerciale : finalement, ce sont elles qui ont eu raison, nous nous sommes décidés d'acheter une housse de coussin brodée. Et toujours le même argument : "Maintenant, que tu as acheté à elle, tu achètes à moi !" Nous nous laissons faire, en discutant un peu les prix, pour le principe, pour deux ou trois euros, nous n'allons pas casser la tirelire. Nous pensons que nous avons payé convenablement la housse de coussin et un petit sac car l'une des H'Mongs nous offre 4 petits bracelets brodés (nous avions un temps imaginé la méthode sénégalaise, je te fais un "cadeau" mais tu me le paies après). Mais ce n'est pas le cas, c'est réellement un cadeau de leur part. C'est gentil et nous offrons à notre tour deux des bracelets à Duong pour sa femme et son enfant.

Après la descente, nous continuons de suivre la vallée, en remontant vers le village de Giang Ta Chai, un village Dzao rouge : les femmes ont une grande coiffure en tissu rouge avec des pompons. Elles sont beaucoup plus timides que les H'Mongs, elles n'osent même pas nous aborder pour nous vendre de l'artisanat qu'elles préparent au bord du chemin. Arrivé au village, deux femmes sortent d'une maison, l'une d'elle nous propose d'aller visiter sa maison. Elle nous explique que normalement, elles auraient du être sur le chemin pour vendre des souvenirs aux touristes, mais la veille n'avait pas été une bonne journée, elle a préféré rester au village. Christophe lui demande s'il peut la prendre en photo, mais le temps qu'il cadre et règle l'appareil, celle-ci est toute gênée, elle est visiblement mal à l'aise. En arrivant à sa maison, la "grand-mère" portant les lunettes du grand-père, trop grandes pour elle, nous suit dans la maison. C'est toujours aussi pauvre, le grand-père est couché, malade. Nous sommes mal à l'aise. Les deux femmes étalent devant nous de l'artisanat mais nous n'avons plus qu'un dernier billet de 10.000 Dongs en poche. Anne-Marie tend notre dernier billet à la Grand-Mère qui lui donne en échange un petit sac brodé pour mettre un objet de la taille d'un téléphone portable. Le sac est emballé sous plastique, c'est probablement du "Made In China"", les Dzaos se contentant de broder un petit motif par dessus, mais ce n'est pas grave.

Au retour, il reste une dernière épreuve : la remontée de l'autre côté de la rivière, pour rejoindre la route où nous attend Trang. Bonne montée, mais sans réel difficulté. Sauf pour, certainement, deux Américains d'origine asiatique qui ont des problèmes commerciaux. Ils sont entourés de quatre petites vendeuses H'Mongs (entre 10 et 16 ans) et elles ne veulent pas lâcher l'affaire. Leur ténacité est payante car elles arrivent à faire acheter une petite trousse à l'un des Américains qui a perdu plus de salive que de sueur dans la montée. Enfin arrivé à la route, Trang nous attend sur la terrasse d'un café. Deux Coca-Colas bien frais sont les bienvenus, le soleil ne tape pas encore très fort, mais il fait déjà bien chaud.

Nous repartons ensuite vers Sa Pa pour manger (encore un festin au restaurant de l'ami de Duong) et ensuite Trang nous dépose dans une pension de famille à Loa Cai : Duong loue une chambre pour prendre une douche et un peu de repos avant de prendre le train de nuit pour Hanoi. Quand Duong nous voit prendre le gros sac, il nous dit que nous n'en avons pas besoin dans le train. Sauf que toutes nos affaires de rechange sont dans le sac. Trang attend donc que nous ayons fini de prendre notre douche et remis tout dans le sac, avant de prendre la route pour Hanoi : 350 km, 8 heures de route ! Il nous attendra à la gare à Hanoi après avoir conduit presque toute la nuit alors que nous serons confortablement installés dans le train.

Duong nous a expliqué qu'en sortant de l'hôtel, il suffisait de prendre à droite et de continuer tout droit pour aller jusqu'à la frontière chinoise. Il a juste oublié de nous préciser la distance. Au bout d'un moment, nous nous demandons si nous ne sommes pas perdus. Nous finissons par demander à une passante : "China ?". Elle nous répond d'un signe avec les bras grands ouverts devant elle, genre : "c'est part là !" Un homme nous aborde, lui, il veut bien nous amener en Chine, en scooter (moyennant finance), comme nous lui disons que nous y allons à pied (par la Chine, désolé ), ça ne lui convient plus vraiment de nous aider. Nous continuons tout droit et nous finissons par tomber sur la frontière chino-vietnamienne, au Pont de Beauté. Nous faisons attention, car la limite de la frontière n'est pas clairement indiquée (car en vietnamien) mais il semble y avoir un "no man's land". Nous essayons de contourner le poste de douane vietnamien par la gauche, nous tombons alors sur les gargotes des femmes qui font le change d'argent, aves des liasses de billets énormes à la main.