Dimanche 15 avril : (suite)

Avant d'arriver au village, il faut traverser à guet (10 cm d'eau) un petit cours d'eau. Anne-Marie essaie de passer à sec, mais elle n'arrive qu'à glisser et remplir ses chaussures d'eau. Pour la réconforter, nous achetons à un marchand ambulant deux sorbets (à la noix de coco). Ils étaient très bons (en goût), mais nous ne savons pas pourquoi, nous avons eu par la suite quelques ennuis gastriques que la prise de Malarone n'a pas arrangés. Dans le village, plusieurs femmes ont préparé des stands de fruits : en fait, c'est le circuit classique des touristes qui font le marché de Bac Ha, le matin, et le sampan l'après midi.

A la sortie du village, nous arrivons sur les rives de la rivière Song Chay où une petite dizaine de sampans attendent. Ce sont des bateaux très proches de ceux de Ba Be, même moteur, sauf que l'hélice est accrochée au bout d'un très long tube métallique qui permet à son conducteur de la sortir hors de l'eau si le fond très sableux de la rivière vient à remonter fortement. D'ailleurs, le long de la rivière, nous observons plusieurs exploitations de sable qui draguent le fond de la rivière. Petite balade, sans grand intérêt (nous avons croisé des paysages bien plus spectaculaires à Ba Be). Nous retrouvons Trang et la voiture au restaurant où nous nous étions arrêtés pour réserver deux jours auparavant. Duong attend la facture, nous en profitons alors pour regarder avec Trang (et les autres chauffeurs), la fin de son feuilleton favori (feuilleton chinois, "doublé" en vietnamien - la même voix féminine et monotone pour tous les acteurs ou actrices - inspiré des légendes chinoises : sorciers et chevaliers virevoltants dans tous les sens).

En arrivant à Lao Cai, la route devient très large (2x2 voies) : les Chinois veulent transporter par la route leurs marchandises vers les ports de Haiphong et Halong (au lieu de passer par la route, les Chinois feraient mieux de subventionner le transport ferroviaire, histoire de moins polluer, comme ça, en passant). Mais en tournant vers Sa Pa, la route redevient une simple mais large deux voies. Nous avons du ciel bleu et le dénivelé avec le fond de la vallée (visible) est très impressionnant. Nous demandons plusieurs fois à Trang de s'arrêter pour la photo. Un peu avant d'arriver à Sa Pa, Trang s'arrête au milieu d'engins de chantier, nous nous demandons un peu pourquoi ? Mais juste derrière le chantier, il y a une très belle vue sur la vallée et les cultures en terrasses. C'est vraiment grandiose, ces champs qui prennent d'assaut les pentes du plus haut massif montagneux du Vietnam.

Depuis Sa Pa, nous apercevons le Fan Xi Pan, le plus haut sommet d'Indochine (3.143 m), pratiquement sans nuages, ce qui est plutôt rare. D'ailleurs à Sa Pa, c'est le jour de la fête des nuages, mais c'est aussi jour de marché. Cette fois, ce sont des H'Mongs noirs : les femmes sont habillées avec un costume noir, composé d'une sorte de jupe-culotte leur arrivant aux genoux, des sortes de "guêtres" en tissu noir leur recouvrent les jambes. Les hommes sont aussi en costume traditionnel, avec une tunique noir au large col qui leur remonte derrière le cou. Avec leur mobylette comme fière monture, nous aimons ce genre de paradoxe. Sa Pa est aussi fréquenté par des Dzaos rouges et des Lus, qui ont une coiffure surmontée d'une pièce en argent, une sorte de "barbecue" en modèle réduit. Duong nous dépose à l'hôtel, (un 4 étoiles d'après le groom qui nous accompagne à la chambre, 4 étoiles que l'on a au prix d'un 2 étoiles, nous fait-il remarquer) et nous donne rendez-vous pour aller manger le soir, dans le restaurant d'un de ses amis.

Une fois, nos sacs posés, nous repartons aussitôt faire des photos dans Sa Pa. Nous surnommons rapidement Sa Pa : le Pas de la Case vietnamien car à part son marché et les ethnies qui le fréquentent, la ville n'est qu'hôtels (de luxe), bureaux d'agences de voyage locales, boutiques de souvenirs et restaurants proposant pizza, choucroute (c'ets certain, il devait y en avoir) et autres spécialités culinaires très peu vietnamiennes. Nous nous arrêtons quelques instants sur la place principale et nous sommes (presque) aussitôt assaillis par des vendeuses de souvenirs : napperons, bonnets, sacs, genres de guimbardes, etc... Nous finissons par acheter un de ces instruments de musique, mais cela a pour effet d'attirer pleins d'autres vendeuses. Ce n'est pas méchant, pas trop insistant (un peu quand-même) mais nous n'allons pas acheter quelque chose à toutes ces vendeuses. Nous repartons de suite, en bougeant, on attire moins les mouches...