Lors des premiers bivouacs, pendant deux jours, notre cuistot nous a servi du zébu. La deuxième fois, nos "donneurs de leçons" ont recommencé à utiliser leur moyen de communication préféré : la réflexion désagréable lancée à la volée ! En aucun cas, ils ne sont allés voir la personne incriminée pour parler du problème. Nous avons entendu "ce soir, je jette les os pour qu'ils ne nous les resservent pas demain soir !", "Moi, il me faut de la viande tout les jours, un bon steak...", etc... Les réflexions sur les os ont continué jusqu'à la fin de séjour ! Lorsque Seyni nous a préparé un très bon poulet yassa, alors que les autres participants le félicitaient sur sa cuisine, ces "donneurs de leçons" disaient : "ce n'est que du poulet aux olives ! Le poulet est bon !" (largement sous-entendu, mais sa préparation est dégueulasse !). Ils n'ont été contents que lorsque qu'ils ont mangé de la nourriture européenne dans les hôtels (genre poulet rôti aux haricots verts) et ne se sont pas plaints des os dans le mouton servi à l'hôtel ! Seyni n'a eu des félicitations de leur part que lorsqu'il a servi des pommes de terre à l'eau, en robe de chambre.
Nous avons eu aussi le droit à la préparation de la "petite pirogue" lors des petits déjeuners : n'aimant pas la mie de pain, ils la découpaient et la jetaient au sol dans la poussière au nez des gamins des villages qui étaient prêts à la ramasser pour la manger ! Bien sûr, les Sénégalais n'ont pas faim. La preuve, lors du dernier pique-nique où Seyni avait préparé des spaghetti bolognaise (délicieux), nous demandons à Pap de passer son assiette pour le servir et Pap nous dit "plus tard". Nous avons alors entendu : "Oui, il attend que tout le monde (sous entendu les touristes blancs) soit servi pour voir s'il en reste encore pour manger" ! Bien sûr, le noir ne mange que si l'homme blanc est rassasié ! Pap allait sûrement passer une journée entière derrière son volant sur des pistes défoncées à éviter de passer dans les trous pour ne pas secouer l'homme blanc dans sa digestion, alors que lui n'avait pas mangé car il n'y en avait pas assez.
Nous ne savons pas quel os leur est resté coincé au travers de la gorge mais s'il avait pu les étouffer, l'image de la France à l'étranger n'aurait pu que s'en porter mieux ! Nous avons eu honte de ces comportements alors qu'assez récemment le Sahel a souffert de famine. Puis, chez eux, mangent-ils vraiment de la viande tous les jours ? Et ce n'est pas bon de manger de la viande tous les jours ! Ca donnerait le cancer du colon. Pour des trous du cul comme eux, ça serait le comble... Nous sommes désolés de faire d'aussi mauvais jeux de mot mais c'est pour nous mettre à leur hauteur !
A Dindéfello, village situé à plus de 2 heures de très mauvaises pistes de la ville la plus proche, ces individus se sont plaints car la bière n'était pas assez fraîche, allant même jusqu'à refuser de la payer alors qu'elle avait été décapsulée ! L'un des ces connards s'est même levé pour partir bouder dans sa case lorsque Patrick a suggéré de payer cette bière avec l'argent de la caisse commune, ce qui représentait 100 francs CFA, 15 centimes d'euro par touriste, pour éviter que le village n'ait à subir une perte franche de 1.000 francs CFA. La "bière pas fraîche" a fait l'objet de multiples et stupides réflexions par la suite du voyage. Franchement, la bière n'était pas glacée mais c'était déjà bien de trouver des boissons réfrigérées dans ce village sans électricité, où il règne une température de 41 °C dans la journée (36 °C la nuit dans les cases) et que les habitants ont pu acheter en communauté des réfrigérateurs au gaz pour vendre des boissons aux touristes dans ce gîte villageois. Pour information, seulement 37 % des Sénégalais ont accès à de l'eau potable !
C'est d'ailleurs dans ce village que nos "donneurs de leçons" ont voulu apprendre le commerce aux habitants ("pour qu'ils fassent des affaires chez eux et ne viennent pas en France !" nous l'avons clairement entendu et que l'on sache, il s'agit bien de propos à "droite toute !") : comme il fallait marcher une demi-heure à pied pour accéder à la cascade, ces messieurs - dames voulaient des ânes pour porter leurs honorables culs ! Nous avons discuté de ce problème avec le fils du chef du village, qui s'excuse de ne pouvoir offrir de la bière fraîche et des ânes mais sans argent pour investir (argent qui ne peut venir de tels touristes), les habitants font ce qu'ils peuvent. Et de toute façon, s'il y aurait eu des ânes, ils auraient trouvé ça trop cher !
Continuons crescendo : depuis quelques mois, il n'est plus possible aux groupes de touristes de visiter la grande mosquée de Touba car des touristes espagnols se sont mal tenus à l'intérieur, mais le programme "Nouvelles Frontières" n'a pas été mis à jour (et il s'agit de plus, d'un programme indicatif et non contractuel). La veille, As nous avait dit que l'on passerait par Touba pour faire la photo de la mosquée mais que l'on ne la visiterait pas. Personne n'avait posé de question.