Narcisse is back !

Article n° 98, publié le 21-Novembre-2015, par Christophe.
Catégorie(s) : réflexions diverses.

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Narcisse est de retour et il a aujourd'hui de merveilleux instruments pour diffuser son image à la planète entière ! Il peut utiliser les réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram pour diffuser ses selfies réalisés avec un smartphone (avec caméra frontale) ou une «action cam» (les «Go Pro») vendue avec une multitude de gadgets pour l'accrocher n'importe comment mais de préférence tournée vers soi-même, commes ces cannes qui semblent être l'ustensile obligatoire aujourd'hui ! Et dans la liste de ces merveilleux gadgets technologiques, n'oublions pas les drones capables d'embarquer une «action cam». Mais pourquoi un tel engouement pour le selfie ?

Au fait, pourquoi m'énerver contre les selfies ? Il y a plus d'une dizaine d'années, quand il n'existait que les appareils argentiques, les touristes se prenaient déjà en photo devant les monuments mais ils ne prenaient qu'une seule photo et repartaient aussi sec sans même prendre le temps d'admirer le monument en question (il me semble que ce qui compte pour beaucoup trop de personne, est de se prendre en photo devant un monument connu, pas d'avoir visité ce monument). Ce comportement n'était pas vraiment problématique... Par contre, aujourd'hui, ces mêmes touristes prennent un selfie, puis regardent le résultat, puis retentent alors une nouvelle photo avec la bouche en cul de poule, puis re-regardent le résultat, puis reprennent une 3ième photo avec la bouche en bec de canard, puis une quatrième, une cinquième, etc, etc... Ca dure des plombent et aussitôt que la séance de selfies est terminée pour les uns, elle recommence aussitôt pour d'autres, avec les mêmes simagrées ! Il faut alors être très, très patient pour faire une photo d'un monument, sans inconnus grimaçant devant ! C'est même parfois impossible et ça me met en rogne !

Mais pourquoi m'énerver aussi contre les «action cams» alors que certains de mes amis en ont (et savent très bien les utiliser et réaliser des montages très bien faits ; enfin, un seul sait le faire...) ? Il faut dire qu'en 2013, à Bonaire, alors que nous étions paisiblement en train d'observer un petit hippocampe en plongée sous-marine, nous avons vu débarquer un malotru avec une «Go Pro» fixée sur le haut du masque (ce qui lui donnait l'air d'un rhinocéros) et il a agi en «pousses-toi de là que je m'y mette», faisant preuve d'un savoir vivre nanoscopique ! Cela m'a bien énervé mais nous nous sommes reculés de quelques mètres en attendant qu'il reparte, sans montrer la moindre agressivité. Par contre, ce rhinocéros est venu me secouer méchamment en repartant et cela, sans raison apparente ! Donc, inutile de dire que j'ai aussitôt classé cet individu Go-pro-tisé du masque dans la catégorie «crétin des Alpes» pour son manque de savoir-vivre, son agressivité et sa stupidité sans borne (car fixer une «Go Pro» sur le haut d'un masque de plongée permet surtout de filmer les bulles d'air s'échappant du détendeur situé dans la bouche du plongeur, donc logiquement, sous le masque) !

Autre tendance que nous avons vue la première fois lors de la visite des musées du Vatican : tenir une «Go Pro» à bout de bras pour filmer les alentours (les plafonds de la galerie des cartes en l'occurrence) en un balayage périodique et nonchalant, un coup en avant, un coup en arrière, avant de repartir pour un nouveau cycle. Cela m'a beaucoup amusé car à chaque fois que l'objectif de cette caméra grand angle se dirigeait vers nous, j'inventais une nouvelle grimace que le propriétaire de cette «Go Pro» ne pouvait voir sur le moment puisqu'elle ne possédait pas d'écran (j'espère bien qu'il n'a vu que moi quand il a regardé son film ;-)). Depuis, nous ne cessons de découvrir quantité de personnes procéder (à l'aveugle) à ce genre de balayages dans tous les sens, balayages qui doivent donner le mal de mer lors du visionnage du film, même bien assis dans un canapé !

Je fais peut-être d'ailleurs une erreur d'analyse en parlant de visionnage : j'aimerai bien savoir combien de personnes (non professionnelles de l'audio-visuelle) regardent vraiment leurs centaines de minutes d'enregistrement après coup (et sans gerber à cause du mal de mer) ? Je pense que la proportion d'individus regardant leurs prises de vue, une seule fois, au retour de vacances, doit être de 70 à 80 %, pas plus ! Mais on doit descendre à 20 ou 30 % pour le nombre de personnes les montrant à leurs amis (qui doivent prier silencieusement que leur calvaire s'arrête) et à seulement 4 ou 5 % pour des personnes capables de sélectionner quelques séquences et les monter dans un petit clip vidéo suffisamment intéressant pour le montrer à autrui ! Pourtant, les «action cams» se vendent de plus en plus...

Abordant maintenant le problème des drones qui devraient encore se vendre comme des petits pains lors du Noël prochain ! L'aéromodélisme m'a toujours attiré, pour le pilotage, mais ces engins sont «auto-pilotés» : le «pilote» ne fait que donner un cap et une altitude et le drone gère tout seul le pilotage. Certains drones sont même équipés de GPS pour assurer la navigation tout seul. Donc, sur ce point, l'intérêt d'un drone est quasi-inexistant ! Autre intérêt qui aurait pu m'intéresser : embarquer une caméra pour des prises de vue aériennes inédites mais la réglementation (certainement à raison) est trop contraignante, adieu donc les images audacieuses de monuments historiques ! Resteraient les prises de vue en pleine nature ou en montagne mais devoir transporter un de ces engins, en randonnée, est aussi trop contraignant (puis, il ne faut pas oublier qu'ils n'ont que quelques dizaines de minutes d'autonomie et qu'il faut donc prévoir de les recharger, ce qui est quasi mission impossible en randonnée). Ces engins ne sont donc utilisables que chez soi ou à proximité d'une voiture. Comme dernières possibilités d'utilisation d'un drone grand public, Il ne reste donc que : 1- filmer ses voisins dans leur piscine (ou même si ce n'est pas le cas, ces mêmes voisins risquent de protester à la moindre vue d'un drone, pour le respect de leur vie privée), ou 2- se filmer soi-même ! Et j'ai peur que cette seconde hypothèse soit la bonne car la dernière tendance de ces engins est leur capacité de suivre quelqu'un portant un petit émetteur (comme un smartphone en Wifi) pour le filmer ! Désespérant...

Il ne faut pas s'étonner de vivre dans une société individualiste composée d'égocentriques narcissiques ! Et je ne veux pas entendre de vieux ronchons dire que c'est la faute aux jeunes, «que c'était mieux avant !». C'est juste qu'avant, il n'y avait pas les moyens technologiques d'aujourd'hui, l'égocentrique narcissique ne pouvait pas libérer sa créativité et il était moins visible, mais les photos de voyage étaient finalement les mêmes qu'aujourd'hui : la photo de soi devant un monument, ou ailleurs, prise à l'aide d'une tierce personne ! Et il n'y en avait pas trop car la pellicule argentique coûtait relativement chère... Et deux siècles avant, il fallait avoir un peintre sous la main, donc avoir beaucoup d'argent pour faire réaliser son portrait narcissique devant les pyramides égyptiennes. De toute façon, même les Grecs anciens connaissaient ce problème. Mais quoi qu'il en soit, réagissons et stoppons les selfies à outrance !!! Personne ne m'écoute ? Allez, Don Quichotte, on éteint son ordinateur et on va se coucher...

PS : Mais tel Don Quichotte et ses moulins, au moins, j'ai écrit un article contre cette pratique énervante ! Au fait, je ne dis pas qu'il ne faut pas se prendre en photo, ça fait des souvenirs bien nécessaires, mais point trop n'en faut et surtout, c'est inutile de les diffuser à la Terre entière !

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