Le bas de laine des hamsters !

Article n° 76, publié le 3-Janvier-2015, par Christophe.
Catégorie(s) : réflexions diverses.

BD bas de laine 1

BD bas de laine 2

BD bas de laine 3

«Ah, de not'temps, on travaillait 35 heures par jour et 500 jours par an !» ou encore «Nos grands-parents le faisaient bien, ils n'en sont pas mort !»... On peut surtout noter que pour la seconde affirmation, j'ai une forte probabilité de chance de répondre sans me tromper : «si, ils en sont morts !», tout simplement parce qu'une grande partie des personnes affirmant sans vergogne ce genre de propos, sont généralement à la retraite et donc âgées, et que leurs grands-parents sont morts depuis longtemps, à une période où l'espérance de vie était beaucoup plus courte qu'aujourd'hui à cause des effets des guerres, d'une médecine moins efficace que celle d'aujourd'hui, mais aussi de conditions (et durées) de travail bien plus rudes qu'aujourd'hui... Bref, passons !

J'aime particulièrement celui qui affirme haut et fort qu'il faisait 35 heures par jour et qui, surtout, voudrait qu'il soit pris en exemple ! («j'aime» est une façon de parler assez ironique). Je ne conteste pas le fait que l'individu en question devait être sur son lieu de travail beaucoup plus longtemps que moi, mais si on retire un minimum de temps pour manger de manière saine (c'est-à-dire, sans avaler un hamburger de la restauration rapide en 10 minutes, dont 8 à attendre derrière le guichet), le matin, midi et soir, et pour dormir suffisamment (c'est bien joli de travailler pour gagner sa vie, mais pas pour la pourrir en mangeant et en dormant mal), il faut, au strict minimum, compter 8 heures par jour d'inactivité (heures logiquement non productive) ! Donc, sur une journée de 24 heures, ça ne fait déjà plus que 16 heures de non-inactivité possible... Ensuite, ça serait bien que l'Alzheimer précoce de ceux qui débitent ce genre de propos, ne leur fassent pas oublier qu'ils commençaient peut-être leur journée de travail à 5 heures du matin mais qu'ils faisaient une pause casse-croûte à 8 heures, puis prenaient l'apéro à 11 heures du matin au bistrot du coin (lieux en voie de disparition, c'est peut-être qu'aujourd'hui, on n'a plus le temps ?), suivi du repas arrosé, le digo, etc, etc... Avec tout cet alcool, je crains que l'efficacité ne fût pas toujours au rendez-vous ! J'adore quand les politiques de tous bords vont visiter aux aurores les halles de Rungis, le symbole de «la France qui se lève tôt» : les bistrots des halles sont toujours bien remplis et il n'y a pas que des tasses de café sur les tables... Donc au final, le nombre d'heures de travail vraiment efficaces et productives, ne devait pas vraiment dépasser de beaucoup les 35 heures, par semaine !

La productivité horaire de la France n'a jamais été aussi forte que depuis les 35 heures. Le patronat rêve de revenir aux 40, 45, 50 heures ou plus, avec la même productivité horaire. Il pourra essayer, en augmentant la pression sur les salariés. Celui qui ne sera pas assez productif sera licencié, il y a tant de chômeurs qui attendent à la porte ! Mais ça fait alors une nouvelle personne à former, c'est-à-dire une personne non-productive pendant quelques jours ou quelques semaines et qui aura besoin de quelqu'un pour le former, personne qui ne pourra pas faire son travail pendant ce temps là, ce qui représente donc une baisse de productivité pour l'entreprise. Mais surtout, une entreprise peut gratter 10 % sur les salaires ou sur le temps de travail, afficher une productivité accrue pour les banques, obtenir des prêts pour investir mais va-t-elle vraiment assurer sa charge de travail dans 3 mois ? Sans marché, c'est-à-dire sans consommateur pour acheter les produits fabriqués par l'entreprise, je crains que l'on puisse émettre une réponse négative à cette question, surtout si elle a mis une énorme pression sur ses salariés, donc ses consommateurs directs ou indirects, pour afficher cette productivité accrue !

Car, que se passe-t-il pour le salarié qui a peur de perdre son emploi ? Il épargne comme un hamster au lieu de consommer ! La preuve ? Que voit-on en ce moment comme publicités à la télé ? Des publicités pour des banques, des assurances vies ou autres placements financiers ! Et s'il y en a plein, c'est bien qu'il a un large potentiel de clients. Les banques ne s'amuseraient pas à payer des publicités très onéreuses à la télé, sans l'espoir de toucher le jackpot en retour, c'est-à-dire à dire l'énorme somme d'argent des petits bas de laine des Français ! Autre preuve que les Français épargnent comme des hamsters ? J'ai lu il y a quelques mois un article en ligne sur quelqu'un qui avait des problèmes pour boucler ses fins de mois et les réponses des lecteurs étaient très unanimes : «économisez, ça ira mieux !». Je comprends qu'il ne faut pas tomber dans l'excès inverse et vivre à crédits mais sincèrement, je ne vois pas pourquoi économiser permettrait d'aller mieux ? Pour un salarié lambda, le gain financier réellement accessible pour de «petites» sommes d'argent investies sur un placement quelconque est minime, entre 300 et 400 euros par an pour 10.000 euros placés, soit même pas 60 hamburgers de la restauration rapide ! C'est chouette de se priver pour économiser 833 euros par mois, afin de se payer 60 hamburgers l'année suivante avec les intérêts, c'est-à-dire, un par semaine avec un peu de rab pour fêter Noël, l'Aïd al-Kabîr et la bar-mitsva du petit dernier... Ou alors, il faut réinvestir ses hamburgers pour l'année suivante et après plus de 40 ans de privations, on sera à la tête d'un magot de plus qu'un million d'euros qui généreront des intérêts substantiels, quand on sera septuagénaire (fort heureusement, on finira tous centenaire :-$).

Privations ? Oui car 833 euros par mois, ça fait déjà une très grosse somme d'argent que, statistiquement, peu de Français sont capables de mettre de côté : le salaire moyen en France tourne autour de 2.500 euros. Une fois payé le loyer (ou le remboursement d'un emprunt immobilier), les impôts, le gaz, l'électricité, etc, s'il met de côté 833 euros par mois, il ne reste plus rien pour vivre au salarié lambda ! Donc, il gratte : en semaine, patates à l'eau ou coquillettes avec une tranche de jambon sous cellophane fabriquée à partir de viande reconstituée de porcs d'élevages intensifs, et le dimanche, chouette, sortie au restaurant «Mc Quick» pour avaler un hamburger payé par les intérêts de l'année précédente ! Avec un tel régime alimentaire, je crains qu'on ne finisse pas centenaire... Et il achète aussi le moins cher possible, de la camelote fabriquée en Chine, sans penser qu'un produit bien manufacturé (en France ou dans un autre pays «high-cost»), mais plus cher, durera beaucoup plus longtemps et qu'à l'usage il coûtera finalement moins cher. Mais non, il achète la camelote chinoise qui tombera en panne après trois utilisations... Et les vacances ? Il gratte aussi ! Le rêve du Français en vacances (d'après la publicité du printemps dernier) : faire ses mots-croisés au bord de la piscine d'un camping en sirotant une limonade ! Il y a de quoi se flinguer... Pauvre Français sans rêve, avec son petit bas de laine ! Mais il se rassure comme il peut, il en profitera à 70 ans !

Mais rêvez bandes de hamsters ! Je sais, le ton est un peu haineux mais c'est pour la bonne cause... La vie ne sert pas à amasser de l'argent sur un compte en banque, sans en profiter. 10.000 ou 100.000 euros d'économie (c'est-à-dire de 1 à 10 ans de privations pour un salarié lambda) ne vous permettront pas de survivre très longtemps en cas de chômage. Par contre, ces économies vous privent de vivre pleinement aujourd'hui, c'est-à-dire de profitez de la vie, de l'instant présent, bien évidemment de manière raisonnée et sans excès ! Alors, dépensez le, cet argent ! Achetez un bon steak de bœuf élevé en France pour la qualité de sa viande (et non pas de la vache de réforme achetée en hard discount : quelle soit hallal ou pas, cette viande n'a de qualité que pour la marge qu'elle dégage pour les groupes de la grande distribution), de bons fruits ou légumes frais, du bon fromage artisanal... (Et si après ça, on dit que je ne supporte pas les agriculteurs qui cultivent ou élaborent de bons produits, je ne vois pas ce que je peux faire de plus...). Ou prenez une ou deux semaines de vacances de plus, l'été prochain !

Au fait : meilleurs vœux de bonheur (faites vous plaisir, en vacances) et de santé (mangez sainement, la santé passe surtout par votre assiette) à tous pour cette nouvelle année 2015 !

PS : au fait, vu ce qu'il se vend surtout aujourd'hui en France, il est bon de rappeler que vous acheter un i-bidule ne vous fera plaisir qu'une semaine ou deux, voire au grand maximum 3 mois, c'est-à-dire le temps qui s'écoulera avant la sortie de l'i-bidule nouvelle génération. L'i-bidule n'a donc aucun intérêt, même s'il vous permet de visionner n'importe où (comme par exemple, au bureau ?) des matchs de foot en HD sur un écran de 5 pouces grâce à la 4G (mais la génération suivante de l'i-bidule vous permettra de visionner de films en «4K», toujours sur un écran de 5 pouces). En tous cas, c'est un produit beaucoup moins intéressant qu'une semaine de vacances supplémentaire ! D'ailleurs, le prix de l'i-bidule correspond, généralement, à une ou deux semaines de location d'un gîte en Guadeloupe (rien que ça), réfléchissez bien !

Post-PS : Voici le commentaire, que j'ai particulièrement apprécié, d'un lecteur suédois sur un journal en ligne (j'ai juste ajouté les accents et supprimé la marque de la voiture suédoise mais je n'ai modifié rien d'autre, surtout pas les âges cités, en particulier les 70 ans) : «J'habitue en Suède où une amie a achetée une maison pour l'équivalent de 450.000 euros, avec un apport de 200.000 euros. Elle paye environ 500 euros de remboursement à la banque, soit les intérêts. Dans les faits, mon amie ne sera jamais propriétaire mais avec des remboursements si bas, elle jouit d'une belle maison et d'une belle voiture haut de gamme et voyage régulièrement, tout ça, à 35 ans ! Donc, soit on rembourse des intérêts, rien de ne vous appartient, mais à 35 ans, on profite de la vie, ou soit comme en France, on rembourse un max, pour quelque chose qui vous appartiendra un jour. En France, à 35 ans, on a peut être une maison, mais avec des crédits qui vous étranglent mais pas de belle voiture, ni de voyages au soleil. On aura tout ça à 70 ans... Mais dans quel état de santé ? En Suède, on profite de la vie et on verra plus tard !». Ce commentaire a aussitôt suscité la réponse haineuse d'un (vieux con de) Français, 100 % camembert industriel (il n'était pas le seul mais j'ai sélectionné la réponse que j'ai estimée la plus représentative) : «Si l'on suit votre raisonnement, la maison appartiendra en totalité à la banque et les enfants suédois devront continuer à payer le fait que leurs parents aient bien vécu ? Belle mentalité ! Je préfère léguer un avenir à mes enfants que des dettes, aussi sont-ils largement encouragés à partir travailler ailleurs qu'en EURSS. Avec grand succès d'ailleurs !». C'est certain qu'encourager ces enfants à partir travailler dans des pays ultralibéraux comme les USA, pays du bœuf aux hormones, afin de se faire plein de fric à mettre de côté à la banque mais sans profiter de la vie, c'est bien mieux que le modèle suédois ! Il faut vraiment qu'on aille visiter la Suède, j'aime leur mentalité. Le petit souci, c'est qu'il y fait froid... Je comprends donc aussi facilement pourquoi ils rêvent plus facilement de voyages au soleil que les Français avec leurs mots-croisés au bord de la piscine d'un camping au mois d'août.

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