Panique en pleine eau !

Article n° 70, publié le 11-Octobre-2014, par Christophe.
Catégorie(s) : plongée, science & culture.

BD panique en pleine eau 1

BD panique en pleine eau 2

BD panique en pleine eau 3

Continuons donc avec la liste de bébêtes qui auraient pu nous nuire mais qui ne l'ont pas fait et passons maintenant aux fonds sous-marins ! Sous les tropiques, un poisson potentiellement dangereux pour l'Homme (mais pas forcément mortel) est le ptérois (ou rascasse volante ou poisson lion ou encore nommé poisson scorpion pour certaines espèces). Ce magnifique poisson possède de grandes épines qui font toute sa beauté mais qui servent aussi à sa protection car elles contiennent du venin. Heureusement pour l'Homme, ces poissons nocturnes ne sont pas agressifs envers les plongeurs et de jour, ils se cachent sous les anfractuosités des rochers. De nuit, ces charmantes bestioles ont trouvé un grand intérêt aux phares des plongeurs car elles suivent le halo des phares pour chasser. Nous nous sommes retrouvés une fois en Mer Rouge avec une demi-douzaine de ces ptérois nageant en-dessous de nous. Il fallait alors faire attention à ne pas les coincer sous nous.

Il faut aussi faire attention à un proche cousin des ptérois, le poisson pierre (ou poisson 24 heures). Son mimétisme fait qu'on ne le voit pas posé sur le fond, on le confond avec une pierre, mais il possède des épines venimeuses. Et si on se fait piquer, on dérouille pendant 24 heures d'après les Antillais !

Autre animal marin : la murène. Il faut avouer qu'elles ont une sacrée dentition et qu'en plus, elles n'ont pas une bonne hygiène buccale. Même si elles ne peuvent tuer un plongeur, elles peuvent néanmoins infliger de méchantes morsures qui peuvent s'infecter rapidement. Alors que ces poissons ressemblent pourtant aux serpents dont j'ai la phobie, je suis au contraire assez fasciné par l'observation des murènes, même si certaines espèces sont vraiment imposantes comme les murènes de Java. Nous n'avons jamais eu de problème avec elles, même si parfois, elles ne semblaient pas vraiment heureuses de notre présence (au pire, elles ont pris la fuite mais sans jamais attaquer). Il faut avouer qu'une fois, j'ai eu un peu peur car une grosse murène de Java que nous suivions depuis un certain temps (elle commençait à être bien excitée) a fait subitement demi-tour pour revenir droit vers nous. Mais c'était en Mer Rouge, en plongée de nuit et nous étions escortés de ptérois qui ont visiblement fait peur à la murène. Par contre, cela ne veut par dire que les murènes ne sont pas inoffensives : nous avons croisé sur l'Ile de la Réunion, un plongeur qui s'était très méchamment fait mordre à la main par une murène sans raison évidente. Il ne lui avait strictement rien fait, il ne lui avait pas donné à manger, ni déranger dans son trou...

Le barracuda : voilà bien un poisson qui fait fantasmer un grand nombre de personnes, pour ces attaques contre les plongeurs. Généralement, les gens confondent plongeur «bouteille» et chasseur sous-marin. Ne nous classant pas dans la seconde catégorie, nous ne nous baladons jamais sous l'eau avec du poisson mort qui pourrait intéresser un barracuda. Nos rencontres avec les barracudas, qu'ils soient solitaires ou en banc, n'ont donc jamais posé le moindre problème ! Ou pour être exact, ils nous ont généralement posé le même problème : ne pas se laisser cadrer dans le viseur de l'appareil photo ! Etant au sommet d'une chaîne alimentaire, ils ont peu de prédateurs, ce ne sont pas des poissons très craintifs mais ils ne se laissent tout de même pas rapprocher de très près par les plongeurs. Ils gardent généralement un ou deux mètres de distance. Pour anecdote, nous avons vu une fois, un plongeur essayer de se rapprocher d'un barracuda solitaire en tenant à bout de bras ce qui ressemblait à un ... morceau de pain ! Le barracuda n'a pas bougé d'un centimètre puisque le plongeur n'osait pas s'en rapprocher de trop près !

Passons maintenant au fantasme suivant : le requin ! Déjà, nous en avons vu très rarement en plongée (ne pas oublier de se référer au paragraphe précédent, concernant la définition d'un plongeur) et généralement, ils nous ont complètement ignorés, voire s'enfuyaient si nous nous en rapprochions trop près. Jamais nous avons vu un requin venir vers nous (et encore moins de manière agressive). Cela dit, il faut savoir que nous bannissons le «shark feeding», c'est-à-dire le fait de leur ramener à manger pour les attirer, ce qui a pour effet de, potentiellement, les rendre dangereux car on les habitue alors à côtoyer des humains. Ces squales s'habituent à venir manger gratos aux heures où arrivent les clubs de plongée pratiquant le «shark feeding» (comme n'importe quel prédateur, les requins vont au plus facile pour manger : inutile d'aller se prendre un mauvais coup en chassant une proie, alors qu'on peut récupérer facilement et sans danger de la bouffe). Le souci vient des jours où les clubs ne sortent pas : les requins vont-ils devoir chercher de la nourriture ailleurs, près d'autres humains ? Cela serait peut-être l'explication d'attaques de requin inexpliquées en Polynésie ! Attention, je ne valide pas cette hypothèse, j'ai bien utilisé le conditionnel, mais il faut bien avouer qu'un requin qui fuit l'Homme parce qu'on ne l'a pas habitué à côtoyer des humains, n'attaquera pas l'Homme, ça semble pourtant simple comme logique ! Bien évidemment, les attaques mortelles de requins sont un véritable désastre (je pense en particulier à l'Ile de la Réunion) mais on ne peut tout de même pas abattre bêtement ces squales sous prétexte qu'ils nagent dans l'océan (en raccourci, c'est ce qu'il se passe à la Réunion). Il faudrait surtout comprendre pourquoi ces requins ont ce comportement complètement anormal avant de faire n'importe quoi (et en attendant, les surfeurs n'ont qu'à respecter les consignes de sécurité ou ranger leurs planches et se mettre à la randonnée, au parapente ou à la plongée «bouteille» - ils verront au moins ce qui se passe sous l'eau ; aujourd'hui, c'est comme si les surfeurs réunionnais décidaient qu'on devait pouvoir randonner à pied au milieu du Masaï-Mara !).

Alors, pour conclure : quel animal nous a fait le plus peur ? Pour moi, il s'agit d'un serpent tricot rayé qui nageait dans le lagon néo-calédonien. Ce serpent, possédant un des venins les plus dangereux au monde, est pourtant pratiquement inoffensif pour l'Homme ! Quant à Anne-Marie, elle a été prise d'une grosse frayeur quand elle a vu la première fois un tarpon tourner autour de nous à Bonaire dans les Antilles Néerlandaises. Pourtant, ce gros poisson se contentait d'utiliser nos phares de plongées pour chasser, sans être agressif envers nous (mais il passait très près de nous, on pouvait presque le toucher). Mais, de toute façon, le seul animal qui nous a physiquement fait très mal (une vraie et grosse douleur physique) est ... le moustique de Bonaire ! Le moustique, de Bonaire ou d'ailleurs (ceux qui volent au-dessus des trottoirs de Manille, de Paris ou d'Alger ;-)), est bien l'animal le plus dangereux pour l'Homme, très loin devant tous les autres représentants du règne animal mais aussi loin derrière l'Homme (cf l'article «Gare au gorille» sur ce même blog) !

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