A 4 roues...

Article n° 50, publié le 23-Novembre-2013, par Christophe.
Catégorie(s) : conseils aux voyageurs.

BD 4x4 1

BD 4x4 2

BD 4x4 3

Que penser des 4x4 ? Sont-ils gourmands en carburant et encombrants ou sécuritaires avec une tenue de route exemplaire ? Ceux qui ont un gros 4x4 ont-ils une petite quéquette ou une atrophie du cerveau (l'un n'empêche pas l'autre) ? Je tiens à préciser que je ne suis pas adepte des 4x4 (ni 100 % écolo ; je trouve d'ailleurs qu'utiliser une voiture électrique est d'une grande naïveté mais après tout, chacun fait ce qu'il veut ou ce qui lui plait, à condition que ça ne nuise pas aux autres). Je ne vais donc pas être tendre vis-à-vis des 4x4 mais je vais essayer d'être le plus factuel possible, en me basant sur les 4x4 que nous avons utilisés (voir conduits) ou croisés au cours de nos voyages.

Tout d'abord, abordons le côté sécuritaire de ce genre de véhicule : peut-être qu'en cas de collision avec un autre véhicule plus petit, les occupants d'un gros 4x4 seront plus en sécurité. En Amérique du Nord, c'est à celui qui aura le plus gros véhicule pour défoncer l'autre sans se faire trop défoncer. On se retrouve alors sur les routes avec de véritables poids-lourds (c'est assez incroyable car le Hummer, le gros tout-terrain de l'armée américaine, décliné en version civile, fait alors office de nain de jardin à côté de certains monstrueux pick-ups). Cela me fait penser aux dessins animés de Tex Avery : un premier personnage sort un revolver, l'autre réplique avec un gros fusil, le premier sort alors un bazooka, l'autre trouve un canon, puis un tank, un cuirassée, etc, etc... Cette logique de fous est suivie par certains dans l'hexagone mais heureusement, les ruelles de nos villes anciennes, voire médiévales, n'ont pas la largeur suffisante pour permettre à ces monstres de passer ;-).

La légende laisse supposer que les 4x4, grâce à leur transmission intégrale, tiennent mieux la route que les berlines et cela, quelles que soit les conditions de route : là, je n'ai qu'à faire appel à la physique et la force centrifuge ! Si on prend deux véhicules de même poids, largeur et vitesse, dans un même virage, celui qui a le centre de gravité le plus haut, a le plus de risque de se retourner, par effet de levier de la force centrifuge qui va s'appliquer plus haut ! Si en plus, on équipe le véhicule le plus haut de suspensions molles (ce qui donne par définition un 4x4), le véhicule va encore plus pencher dans le mauvais sens ! Pour éviter le retournement, il faut donc un véhicule bas avec des suspensions raides, genre une Ferrari. C'est pour ça que les gros 4x4 de franchissement des années 80/90 ont laissé place à des engins à la garde au sol plus réduite et aux suspensions plus fermes et de ce fait, moins adaptés au tout-terrain (ils n'ont gardé que leur capacité de franchissement des bordures de trottoir).

Tenue de route

Là où ça me dérange vraiment, c'est l'hiver quand la route est verglacée : les conducteurs de 4x4 ont à l'accélération un gros avantage : les 4 roues motrices passent un peu plus de Newtons/mètres que les deux roues d'une berline. Mais au freinage : les deux types de véhicules se retrouvent exactement dans la même configuration, c'est-à-dire avec (seulement) 4 roues servant au freinage. «½.m.v²», ça vous dit qu'elle chose ? Pour ce chapitre, ça veut simplement dire qu'il faut récupérer N fois plus d'énergie au freinage pour un véhicule N fois plus lourd, énergie qu'il faut «passer» de la même manière entre un 4x4 et une berline, c'est-à-dire par les freins et les pneus des 4 roues ! Donc, quand le contact avec le sol est minime, le véhicule le plus dangereux est celui qui est le plus lourd (et l'ABS n'apportera dans ce cas aucune sécurité supplémentaire). Ca me rappelle une fois où nous montions un col dans les Pyrénées : la route était verglacée, je n'avançais pas trop vite. Dans une ligne droite pas trop longue, un gros 4x4 nous a doublé mais au premier virage serré, je suis repassé devant le 4x4 car celui-ci était dans le bas-côté en très mauvaise posture : quand le freinage fut venu, le 4x4, tout droit, continua !

Continuons sur les preuves à charge : la consommation de carburant ! Les moteurs actuels sont moins gourmands que ceux des années 1980/90 mais cela est vrai pour les 4x4 ET pour les berlines ! Que l'on prenne le problème dans n'importe quel sens, il faudra toujours 2 fois plus d'énergie pour lancer à une vitesse donnée, un objet de deux tonnes qu'un objet d'une tonne, c'est encore «½.m.v²» qui explique cela ! Puis, il ne faut pas oublier les frottements dans l'air, au sol et entre les engrenages mécaniques. Un 4x4, plus haut et plus large qu'une berline, va donc offrir une surface de résistance à l'air plus importante qu'une berline. Pour le contact au sol, les pneus des 4x4 sont généralement très larges (surtout sur les Range Rover, BMW X5, Audi Q7, Porsche Cayenne et autres VW Touareg) pour améliorer leur tenue de route et leur freinage mais ces pneus vont donc générer des frottements importants. La transmission 4x4, même si elle n'est pas permanente, nécessite des pièces mécaniques en plus, des engrenages supplémentaires, donc un peu plus de frottements... Inutile de tergiverser, le 4x4 est de toute manière plus gourmand en carburant qu'une berline ! Et ce n'est pas l'emploi de piles à combustible qui va résoudre le problème : il faut plus d'énergie, quelle que soit sa source, pour faire avancer un gros véhicule qu'un petit !

Dernière pièce à charge : Si ça vous fait plaisir de conduire un 4x4, c'est indéniablement votre droit, je ne remets pas cela en question. Mais comme en France, il y a peu d'occasions de vraiment conduire en tout terrain (avec des engins qui ne le sont plus), que faut-il en conclure ? On peut dire qu'une femme utilisant un gros 4x4 pour déplacer sa progéniture, est conditionnée par son instinct de conservation qui lui a fait choisir un véhicule soi-disant plus sécuritaire. Toujours grâce à cet aspect «préservation/reproduction de l'espèce», on comprend pourquoi les ados mâles nord-américains pavanent en monstrueux 4x4 : ils cherchent une femelle pour se reproduire (le paon arbore une roue de plumes multicolores, l'ado nord-américain arbore 4 grosses roues chromées). Mais que penser du mâle marié qui défile seul à bord avec son Hummer dans son quartier (ou sur le parking de son entreprise) ? Je crains que ce ne soit pas pour séduire des femelles ou des mâles pour la reproduction mais ça commence à devenir ennuyeux si sa principale motivation est de susciter de la jalousie dans son entourage. L'homme ou la femme occidentale moderne n'affiche plus son rang social par le biais d'une bedaine rebondie mais ce n'est pas peine de le montrer par le biais d'un gros 4x4, non ?

Passons maintenant aux avantages du 4x4, mais un vrai, genre Toyota Hilux qui est celui que l'on retrouve le plus souvent à la location en Afrique ou en Amérique du Sud, continents où les routes goudronnées ne sont pas légion (et oui : les Range Rover et autres Porsche Cayenne ne se rencontrent que très rarement sur les pistes défoncés). Dans ces pays, le 4x4 est vraiment utile, voire nécessaire, car il permet de passer sans encombre sur du sable mou, de franchir des gués ou de gravir des dénivelés importants grâce à sa boîte de vitesse «Low Range». La location d'un 4x4 (ce qui est assez onéreux) est à envisager dès qu'on sort des sentiers battus : nous avons parcouru une fois le Chili avec un 4x2, c'était vraiment une grosse erreur car nous nous sommes ensablés ou embourbés plusieurs fois, ça nous a vraiment gâché le voyage car nous avons perdu du temps à pelleter du sable à 4.000 mètres d'altitude et n'avons pas pu aller où nous voulions. Mais il faut absolument garder en mémoire qu'ils sont haut perchés sur des suspensions molles et que ces engins ne sont pas fait pour la vitesse, surtout en courbe (les engins de rallye comme le «Dakar» ne sont pas des véhicules de série). De plus, si on conduit ce genre d'engin, c'est pour aller dans des zones sauvages, justement remplies d'animaux sauvages qui ne connaissent pas le code de la route et peuvent traverser la piste n'importe quand (monter un éléphant sur le capot, ça fait toujours désordre) : raison de plus pour y aller mollo sur la pédale d'accélérateur ! Et n'oubliez pas que ces engins consomment plus de 10 litres aux 100 km, il faut donc bien penser à gérer les pleins entre les stations-service parfois très éloignées les unes des autres...

En conclusion, réfléchissez avant d'acheter ou de louer un 4x4 (sans toutefois vous lancer dans la traversée de la Namibie au volant d'une Citroën C1, ce qui est aussi assez folklorique). Au passage, si vous comptez en acheter un et donc dépenser plus de 20.000 euros (ou beaucoup plus encore), ça serait bien que cela ne parte pas directement dans la poche des Japonais ou des Allemands (la production française dans le segment des 4x4 est minime). Après, faites ce que vous voulez, je m'en contrebalance. Sachez même que certains conducteurs de 4x4 représentent une source de joie pour moi : j'adore me moquer des individus qui, au volant de leur Hummer, avancent à 10 km/h derrière un vélo parce que la largeur de la ruelle ne leur permet pas de doubler le vélo (surtout quand ça se reproduit presque tous les jours)... Là, on peut réellement dire que ce genre d'individu a réfléchi avec sa quéquette lors de l'achat du véhicule (alors qu'il aurait dû utiliser ses neurones et un mètre, objet utile pour mesurer la largeur des ruelles fréquemment empruntées ; pour sa quéquette, un centimètre suffit amplement et encore ;-)).

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