Señor Météo !

Article n° 45, publié le 3-Août-2013, par Christophe.
Catégorie(s) : conseils aux voyageurs.

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Sète, 15 août 2007 : 23,5°C. Même ville, 15 août 2011 : 32,6 °C. Que faut-il en conclure pour des vacances sur le littoral méditerranéen, qu'il y fait frais en août ou que c'est plutôt la canicule ? Autre exemple : Lüderitz, ville située en plein désert aride de Namibie, au niveau du tropique du Capricorne et sur les rives de l'Océan Atlantique (sud), quelle température y faisait-il le 15 août 2012 ? Et bien, il a neigé ! Et un peu plus à l'est mais presque à la même latitude, sur l'Ile de la Réunion : quelle température y faisait-il alors qu'il neigeait dans le désert de Namibie ? 25 °C avec du soleil ! Pas facile de s'y retrouver mais voici donc quelques règles de base à savoir si on veut éviter de rester enfermé dans une chambre d'hôtel pendant ses vacances :

Primo, notons que les prévisions météorologiques ne sont pas des prévisions exactes ! Si la moindre personne sur Terre était capable de prédire l'avenir, elle ne se ferait peut-être pas chier à se lever tous les matins pour analyser des modèles météorologiques et s'entendre dire le lendemain qu'elle s'est encore plantée dans ses prévisions ! Si cette personne était capable de prédire l'avenir, ça ferait longtemps qu'elle aurait joué au loto, gagné le jackpot et se serait retirée peinard sous les tropiques. Donc, les prévisions météorologiques ont malheureusement un pourcentage d'incertitude non nul et il faut en tenir compte (sans toutefois sortir en mer ou en montagne alors que les prévisions sont mauvaises, sous prétexte qu'il y a quand même un pourcentage de chance qu'il fasse beau). Bon à savoir : si on prédit pour le lendemain, le même temps qu'il a fait aujourd'hui, on a 50 % de chance d'avoir des prévisions justes ! Ca fait déjà de vous un prévisionniste en herbe, sympa non ?

Secundo, nous avons tous appris que la Terre tourne autour du soleil en 365,25 jours et que l'axe de rotation de la Terre n'est pas perpendiculaire à sa trajectoire. De ce mouvement, il en découle qu'à certains moments de l'année, le soleil est pile-poil «au-dessus» de l'équateur (équinoxes de printemps et d'automne) et qu'à d'autres moments de l'année, il est «au-dessus» du tropique du Cancer (solstice d'été) ou du tropique du Capricorne (solstice d'hiver). Donc, quand le soleil est situé dans les environs du tropique du Cancer, cela ne définit pas vos chances en amour, travail, gloire ou beauté mais le fait que l'hémisphère nord va recevoir une dose plus importante de rayons lumineux que quand le soleil est au-dessus du tropique du Capricorne (ni le fait que ceux nés fin décembre sont têtus, ce sont les autres qui ont tord). Donc, dans l'hémisphère nord, les températures vont être plus chaudes en août qu'en février. Et vice-versa, dans l'hémisphère sud, les températures vont être plus chaudes en février qu'en août. Ca semble évident mais j'ai déjà croisé en septembre des touristes français en Afrique Australe avec uniquement des T-shirts dans leurs valises.

Tertio : si c'était aussi simple que ça, ça se saurait ! Par exemple, les courants océaniques perturbent ce qui découle de la mécanique planétaire d'un prime-abord simple et, en France, on en connaît bien un : le «Gulf Stream» ! Grâce à ce courant circulant dans l'Atlantique Nord, on peut très bien avoir 24 °C un 25 décembre à Biarritz alors qu'en Gaspésie (à la même latitude que Biarritz), le même jour, il fait -20°C alors que les deux régions sont bordées par le même océan (atlantique). D'un côté, à Biarritz, le «Gulf Stream» apporte des tonnes d'eau réchauffées sous le soleil de Floride, si bien qu'il y fait plutôt doux en hiver, alors qu'en Gaspésie, les vents froids venus du Grand Nord descendent sans le moindre obstacle et on s'y gèle les «gosses» (non, je ne parle pas de la manie française de congeler la marmaille mais de ce qui est utilisé pendant la conception d'un bébé, les Québécois comprendront) ! Si on prend le cas de Lüderitz, c'est le courant de Benguela, tout droit venu du pôle Sud, qui refroidit les côtes namibiennes (idem avec le courant de Humboldt au Chili ou au Pérou). On peut donc être au bord du même océan, à la même latitude, et profiter (ou pas) de climats très différents (continental ou océanique, mais aussi tropical ou aride) !

Mais cela ne suffit toujours pas pour expliquer le climat d'une région : par exemple, peut-on entreprendre un voyage sans risque météorologique un 15 août pour la Guadeloupe, ou un 15 février pour l'Ile de la Réunion, alors que ces dates sont au plein cœur de l'été, respectivement, boréal ou austral ? Et non, surtout si le début de l'été a été chaud ! Vous risquez même d'avoir le pire temps de l'année dans ces îles car c'est en période cyclonique. En effet, le soleil ayant brillé depuis le début de l'été respectif au-dessus de l'océan respectif, les eaux de ce même océan ont chauffé sous les rayons du soleil estival si bien que d'énormes masses d'eau se sont évaporées, formant des nuages que les vents poussent ensuite au-dessus des îles. Et là, les nuages se transforment en pluie. Et en fonction de la quantité d'eau évaporée, ça peut être une simple ondée, une dépression tropicale, une tempête tropicale, un cyclone ou même un ouragan !

Mais ce phénomène n'est pas limité aux îles tropicales. Par exemple, la Bolivie, pays pourtant situé sous le tropique du Capricorne pratiquement au milieu du continent sud-américain : un voyage au «Salar de Uyuni» en mars n'est pas très recommandé car vous risquez alors de découvrir un lac sous la neige au lieu d'une immense étendue de sel sous le soleil ! En effet, les eaux océaniques réchauffées par le soleil estival se sont vaporisées, les nuages ont ensuite été portés par les vents jusqu'aux Andes où ils ont été bloqués par les hauts sommets. Il pleut alors beaucoup sur le salar (ou il neige, vu l'altitude de la Bolivie) en mars. Cette période correspondant à la fin de l'été (austral) est d'ailleurs appelée l'hiver bolivien ! Donc, par exemple, un photographe privilégiera un voyage en Bolivie plutôt en septembre : il y fera froid mais il profitera alors d'un ciel clair au bleu intense.

Si sous nos latitudes, nous connaissons 4 saisons, ce qui a donné l'inspiration à un certain compositeur italien d'écrire des musiques d'ascenseur, il faut savoir que sous les tropiques, il faut plutôt compter sur deux saisons : la sèche et l'humide ! Contrairement à ce que l'on peut penser, la saison sèche correspond généralement à l'hiver : moins d'évaporation des eaux océaniques, donc moins de nuages et donc moins de pluie mais des températures plus fraîches. Et la saison humide correspond à l'été : évaporation, nuages et donc pluie et moiteur ! Après, il faut bien évidemment moduler tout ça avec la largeur des continents, les courants océaniques, les vents, le fait qu'il y a des obstacles naturel ou pas (relief) avec le pôle Nord ou Sud, etc, etc...

Dernier point à aborder : il reste encore l'être humain dans tout ça, c'est-à-dire ce que va ressentir un individu quelconque face à certaines conditions météorologiques ! La personne qui compte passer ses journées à la plage va considérer qu'il fait beau si la température est supérieure à 26 °C (par exemple) même si un léger voile recouvre le ciel, alors que le photographe préférera certainement qu'il fasse plus froid mais avec un beau ciel bleu. Ca me rappelle une question que l'on retrouve souvent sur les forums de voyageurs : quand fait-il beau à tel endroit ? La réponse n'est pas aussi évidente car certains vont préférer avoir chaud même sous la pluie (chaude), alors que d'autres préféront avoir froid mais avec un beau ciel bleu !

En conclusion, j'espère que vous n'attendiez pas à ce que je fasse un tour de la planète pour dire quand il faut aller dans tel pays. Pour ça, il y a un assez bon bouquin : «Saison et Climats». A cela dit qu'il faut toujours avoir à l'esprit que ce livre ne rapporte que des statistiques annuelles : on peut donc planifier son voyage à une saison normalement favorable et quand même avoir quelques jours de pluie intense (par exemple). On peut aussi, avec quelques connaissances en informatique (ou bureautique, l'utilisation d'un tableur suffit), se faire sa propre idée du climat pour une destination donnée avec le site www.wunderground.com : on y trouve les almanachs, c'est-à-dire les relevés (température, vent, humidité, visibilité, vent & précipitation), pour une ville et une période donnée (on peut exporter ces relevés dans un fichier pour les exploiter dans un tableur). Surtout éviter de vous baser uniquement aux réponses faites sur un forum internet : si vous avez la réponse de quelqu'un habitant la région depuis plusieurs années, c'est très bien mais évitez les réponses du style «l'année dernière, j'ai eu du beau temps !». L'année dernière n'est statistiquement pas un échantillon très représentatif, ni l'année précédente (c'est surtout qu'il n'y a pas assez d'échantillons pour bâtir des statistiques fiables). Si quelqu'un vous dit qu'il est resté coincé 4 jours à l'hôtel à cause d'un cyclone, cela ne veut pas dire que vous aurez aussi un cyclone pendant vos vacances mais que vous risquez quand même d'en avoir un ! Et oui, ce n'est pas simple cette affaire et j'espère bien vous avoir fait prendre conscience de la difficulté du sujet (sans trop vous avoir embrumé la tête avec toutes mes explications).

Relevé température pour Toulouse en 2012

Relevé température pour Toulouse en 2011

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