De l'hydratation du plongeur hexagonal !

Article n° 139, publié le 9-Décembre-2017, par Christophe.
Catégorie(s) : science & culture.

BD pastis - 1

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Important : tout d'abord, avant toute chose, il convient de rappeler que l'alcool doit être consommé avec modération, c'est-à-dire pas plus d'un verre à la fois et surtout, pas plus de deux verres si vous devez ensuite conduire un véhicule automobile ! Le but est de se faire plaisir, pas de mourir ou de tuer des gens dans un accident de la route. Notez aussi qu'avaler deux verres d'alcool tous les soirs n'est pas à proprement parler de la modération... Et pas d'alcool avant une plongée !

Continuons donc le cours de physique commencé avec les articles précédents : une émulsion est la dispersion d'un liquide en fines gouttelettes dans un autre liquide. Ces deux liquides, comme par exemple l'eau et l'huile, doivent être non miscibles et avoir des solubilités différentes. Pour réaliser un test de miscibilité, on mélange deux liquides et l'on détermine si le mélange obtenu est homogène ou hétérogène. Par exemple, un liquide est non miscible à l'eau s'il forme avec elle un mélange hétérogène. Prenons donc, de l'alcool et de l'huile ou, pour être exact, de l'essence d'anis (cette essence est de l'huile essentielle), que nous mélangeons dans de l'eau : le mélange prend alors, autour de Marseille, une teinte jaune car l'huile et l'eau sont non miscibles alors que l'eau et l'alcool le sont ! Ce mélange est une émulsion car si on le laisse reposer suffisamment longtemps (mais vraiment longtemps, ce qui est impossible pour un plongeur), l'huile, plus légère, va remonter à la surface de l'eau et de l'alcool.

J'espère que tout le monde, et en particulier les plongeurs hexagonaux, ont compris que je parlais du pastis, l'anisette de Marseille. Ce qui me déprime dans le pastis est le fait de ne pas pouvoir faire beaucoup de cocktails avec cette anisette car le goût de l'anis étoilé (encore appelé badiane ou badiane chinoise), vraiment très fort, se marie mal avec d'autres ingrédients (une fois, j'ai tenté un rhum arrangé où j'avais mis deux étoiles d'anis dans un litre de rhum : c'était horrible, le goût de l'anis emportait tout !). D'accord, avec du sirop de grenadine, on a une tomate, avec du sirop de menthe, un perroquet et du sirop d'orgeat, une mauresque qui est finalement le meilleur cocktail que l'on puisse préparer avec du pastis. Mais c'est quand même très limité même s'il existe le mazout, un cocktail à base de pastis et cola (franchement, ça doit être horrible de gâcher du si bon soda ;-)) !!! Puis, l'alcool du pastis est un mauvais alcool, issu d'une simple distillation qui laisse quantité d'esters nauséabonds que masque le goût fort de l'anis étoilé. Franchement, les plongeurs devraient faire bien plus attention à leur santé et n'ingurgiter que des alcools issus d'une double distillation, comme le rhum agricole produit en Martinique ou en Guadeloupe, voire issue d'une triple distillation comme un certain whiskey irlandais ! OK, pour le coup de la simple distillation, c'était à l'origine du pastis, aujourd'hui, il est produit à partir d'alcool issue de double ou triple distillation.

Vous n'aimez pas le rhum ? Vous n'avez aucun goût, que puis-je vous répondre de plus, votre cas est désespéré ! Si ni le whisk(e)y, ni le pisco ou la tequila ne vous conviennent, essayez quand même d'être ouvert en essayant l'ouzo, l'anisette grecque qui, mélangée à l'eau, donne une couleur laiteuse au mélange. De plus, l'ouzo peut être consommé sans eau, juste avec un glaçon, et c'est franchement la façon de le consommer que je préfère, en le sirotant tout doucement. Ensuite, dans le pays frère-ennemi de la Grèce, la Turquie, on trouve la même anisette, ou presque, le raki, mais je trouve cet alcool moins bon que l'ouzo. Que les turcs ne m'en veuillent pas : je n'ai goûté au raki qu'une seule et unique fois (j'aimerai bien visiter la Turquie pour en goûter d'autres mais pour l'instant, leurs voisins du dessous sont un peu «explosifs»), alors que j'ai testé différentes marques d'ouzo (qui ne se valent pas toutes) ! Peut-être qu'une marque de raki est meilleure que ma marque d'ouzo préférée (l'«ouzo 12» que l'on trouve assez facilement en France, est déjà une bonne marque, meilleure que les marques de pastis en France) ?

En Jordanie (ou dans les pays du proche orient qui n'ont pas de fixette anti-alcool), l'arak (ou arack), qui veut dire «alcool» en arabe (au fait, le mot alambic vient de l'arabe), est une anisette très proche du raki (un peu meilleur au seul raki que j'ai goûté). Attention, en Indonésie et en particulier à Bali, il existe aussi de l'arak, mais il ne s'agit pas d'anisette. C'est un alcool de riz, pas spécialement bon, mais qui se prépare très bien en cocktail comme le «Bali mojito» (feuilles de menthe, citron vert et eau gazeuse), l'«arak madu» (jus de citron vert et miel, délicieux), l'«arak attack» (grenadine et jus d'orange) ou encore l'«arak asar» (citronnelle, cola et miel). En, plus à Bali, ces cocktails ne sont pas chers du tout ;-) ! Il faut donc les consommer avec modération mais aussi et surtout, il convient de faire attention où on les boit car l'arak est distillé de manière artisanale en Indonésie et certains alcools sont frelatés (c'est-à-dire, ils contiennent du méthanol qui est très toxique ; l'alcool consommable est l'éthanol).

En guise de conclusion je ne saurais recommander qu'une seule chose : le rhum agricole Neisson produit en Martinique et qui est excellent en ti'punch (voir article sur le rhum et la cachaça). Cela dit, le Bologne, un rhum de Guadeloupe, est aussi très bon et il a l'avantage d'être produit près de la réserve Cousteau où les plongées sont fabuleuses, dans une eau transparente, poissonneuse et surtout chaude (bref, rien à voir avec Marseille où côté température de l'eau, même en été, après un bon coup de Mistral, l'eau peut être à seulement 12 °C par 20 mètres de profondeur). Mais il n'y a pas que la Guadeloupe dans la vie, il y a aussi Bali où après de belles plongées, vous pourrez siroter un «arak madu» au bord d'une piscine, sous les cocotiers... D'accord, la Guadeloupe et la Martinique sont loin (mais ce sont des îles françaises), Bali est encore plus loin, mais rien de vous empêche de vous délecter, après une plongée (et seulement après), d'un petit planteur, préparé avec du rhum antillais que l'on trouve partout dans l'hexagone ? «In rum, we trust !», telle est ma nouvelle devise ;-) !

PS : Qu'on se mette d'accord, les amateurs de pastis ont le droit de boire leur alcool préféré mais il faut avouer que si ces consommateurs sont aussi adeptes du beaujolais nouveau dont tous les composés chimiques n'ont pas été identifiés à ce jour avec certitude par les scientifiques qui cherchent encore ce qui donne le goût de banane transgénique à cette mixture chimique, il faut avouer qu'un stage de désintoxication et de rééducation gustative devrait leur être imposé ;-). Franchement, si vous avez vraiment apprécié le beaujolais nouveau du mois dernier, votre cas est désespéré ! Un seul stage ne sera pas suffisant, préparez-vous à de dures et longues années de galère avant de pourvoir apprécier à sa juste valeur, un rhum Neisson...

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